La soprano Mariam Sarkissian

En état de grâce Au bonheur de la mélodie française

César Cui et Piotr Tchaïkovski

 Le monde de la mélodie française enregistrée  s’élargit. Mariam Sarkissian  et Artur Avanesov  lui dédient un nouvel enregistrement, un air de fête à cet art souvent laissé souvent à part.[1] Ces mélodies sont de César Cui 1835-1918 né en Lithuanie d’un père français et de P.I.Tchaïkovski.

 

La voix de Mariam Sarkissian  au timbre charnu et sensuel  vibre à ces vers  mélancoliques, parfois résignés qui fleurent les soirées d’automne,  les amours en devenir d’oubli, l’émerveillement d’aimer quitte à souffrir. Comme presque toujours au 19e siècle  la nature demeure présente.

Son art du phrasé et sa diction parfaits, la musicalité instrumentale du chant,  la délicatesse de la prononciation donnent à  ces vers  une essence et une  image d’authenticité  profonde. Par instant il semble  que le chant devienne “dire“ tant il  parle intensément…Tant les nuances d’affects et de sensations  sont bien devinés et transmis… et bientôt les rythmes et la densité sonore comme une source coulent en harmonie et viennent abonder le sens. Les mots glissent, nous sortons  de ce rêve d’oubli des “choses “qui, tout en étant “tristes “-puisque le poète le dit ainsi- apportent une joie tantôt palpitante tantôt sereine. Celle d’entendre, d’écouter la beauté fulgurante que prennent les pensées et les sentiments d’un autre revenus à la vie pour quelques précieuses minutes. 

Femmes bavardes à peine le désir assouvi, pétales de roses éperdues dans les odeurs de seringua…Paul Colin parle de soleil  tout de même. Presque tous parle d’ingratitude sans se rendre à l’évidence que nous sommes nous aussi ingrats. Mais  il faut que la lumière comme la brise nimbent toute poésie. Le ton est donné par le titre du poème de Jean Lahor[2], l’ensemble des textes choisis porte la mélancolie mais également l’espoir.

Certains de Victor Hugo, de François Coppée, avec Le Baiser, Lecomte de Lisle Les Roses d’Ispahan firent les beaux jours de la lycéenne que j’étais. Et d’autres comme moi, car alors nous avions un cours de récitation qui nous donnait de la mémoire, ce qui est un grand bon heur. Ainsi, je me suis souvenu d’Augustina Malvine Blanchecotte[3] femme écrivain  particulièrement intéressante dont Les Larmes est ici sous la plume de Tchaïkovski.

André Chénier et son Adieu douce figure mis en musique par Cui. Il fut victime de la férocité révolutionnaire… Le désespoir ici approche le vérisme qui animera les années qui suivront.

Le français fut longtemps la langue des lettrés russes, de l’aristocratie comme d’une grande partie de la bourgeoisie russes. La nostalgie comme la cruauté des êtres tissent certains sentiments évoqués. C’est ce double langage de larmes, de révolte dominée par la résignation qu’impose l’oubli dont  seule la musique russe parvient à innerver  ces textes purement français. 

Que ces deux compositeurs aient en leur temps pu rencontrer nos poètes est une aubaine dont tout amateur d’art lyrique se réjouira.

Mariam Sarkissian et son complice Artur Avanesov  apporte un regard réaliste et vif sur ce répertoire.

Tout y est délices et flamme, inspiration et bonheur de l’instant.

Chez Suonicoliri

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[1] J’ai commenté ici même Jeunesse Lointaine l’album de Mariam l’année passé

[2]  Jean Cazalis pseudonyme Jean Lahor

 

[3] Ici prénommée Auguste par erreur bien compréhensible

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