Opéra de Vienne

Véronique Gens triomphe sur la première scène mondiale dans Alceste de W.P.Gluck.

 Les amateurs d’opéra ne l’ignorent plus à présent, Véronique Gens est  devenue nantaise d’adoption il y a une quinzaine d’années .

Ayant débuté sa carrière dans les arcanes du style baroque à une période où le vent de la gloire ne poussait pas tous les navires de cette nuance musicologique et musicale elle se dédie au répertoire classique.Après  Aix en Provence la production occupe  en ce mois de Novembre la scène prestigieuse de l'Opéra de Vienne. 

 

Il faut garder en mémoire et revenir vers les enregistrements magnifiques de Bach et Berlioz qu’elle réalisa avec Philippe Herreweghe[1] Vint un jour qui élargit l’horizon de la cantatrice déjà lancée dans les rôles de tenue et Mozart ouvrit à cette voix d’une qualité rare ses partitions.

De la Finta Giardiniera qui est loin de toute plaisanterie Véronique grimpa vers les “grands Mozart“.Et citons les deux auquel elle apporta ces dernières années son talent : Don Giovanni avec une Elvira de glace et de larve incendiaire conjuguées avec  une maitrise vocale épousant le rôle comme une écorce harmonieuse. Cosi fan Tutte enregistré avec René  Jacob  comme chef, que même les adversaire de ce type de soit disant redécouverte, ont salué avec des mots flatteurs surtout pour elle.

Gluck dont elle aborde le grand style français [2]de la période de la réforme de l’opéra par une réalisation d’Iphigénie en Aulide donnée à l’autre opéra de Vienne : An der Wien.

Enfin une parenthèse pour cette tragédienne authentique, une réalisation de La veuve Joyeuse à Lyon dont un DVD fut commenté dans ce journal il y a deux ans et qui la montre au sommet de sa forme vocale, sachant tenir ce rôle si admirable de la Veuve milliardaire capable de fustiger la sottise masculine tout en se régalant après avoir tenue la dragée haute à la gente machiste et de régler les affaires amoureuses avec lucidité, montrant par là un esprit raffiné dans la domination matriarcale.

La voici pour la première fois sur la scène de l’opéra des opéras, là où Wagner, Puccini, Verdi, Mozart etc. Et Gluck en l’occurrence triomphent à égalité pourvue que la distribution et la fosse soit en harmonie avec les œuvres.

Les viennois sont amateurs éclairés et les visiteurs peuvent se présenter dans les dernières heures qui précèdent une représentation…Ils trouvent en général une mm

Un mois de Novembre quelque peu dominé par ces représentations d’Alceste dont la Première Alceste le 12 novembre fut un triomphe. Avec une presse quasi unanime pour de dithyrambiques appréciations des qualités de Véronique Gens à l’épreuve de ce rôle très élevé en exigences tant vocales que dramatiques et musicales.

Alceste  rôle parfaitement écrit pour illustrer la  tragédie française mise en musique avec sa prosodie hiératique et naturellement raffinée parviennent à de sublimes sommets.

Véronique Gens avec un phrasé raffiné   , expressif  et d’une lisibilité incomparable  porte son personnage avec une plastique vocale  sans défaut, un don des nuances remarquable et un grand souci de l’évolution de ses sentiments jusqu’à l’accomplissement de la pièce. Elle reprend  ce rôle dans l’esprit de la création. Le timbre de caractère  et  son  art consommé des nuances psychologiques et dramatiques  illustrent parfaitement une Alceste souveraine et   volontaire dominant l’anxiété à l’approche de  mort  par une attitude vocale implacable et somptueuse. L’âme et la stature  héroïques   , le souffle remarquablement  conduit  lui permettent de passer de la douceur à l’imprécation  implicitement. Soumettant tout à la grandeur de son sacrifice  et à ses actes elle  porte cet amour admirable et rare  pour Admète  comme un calice  et nul ne doute de son sens du sacré et de la grandeur de son sentiment.

Il s’agit d’un rôle d’une dimension exceptionnelle car Alceste demeure en scène durant presque  toute l’action et les trois actes.

Admète, cet  époux fautif  dont Alceste rachète la faute en se choisissant  la mort à sa place est interprété par le ténor  Joseph Kaiser que Paris a entendu dans Capriccio de R.Strauss .La voix mélodieuse, le timbre agréable, bien coloré, l’aigu facile et naturel  il présente jeunesse et  santé vocale sans défaut. Mais il en fait un peu  trop dans la pleurnicherie pour que son expression de la langue française ne paraisse pas difficile. Par moment  il ne chante presque pas. Son remord  ou ce qui lui en tient lieu sonne trop loin de l’expression classique française  pour convaincre.

Faisant diversion Hercules est bien campé d’une voix solide teintée d’humour par Adam Plachetka .Voix de baryton basse aux harmoniques riches et nuancées, l’expression aisée et  la façon parfaitement naturelle de chanter montrent qu’il domine ses rôles et leur identification à la perfection. Il chante en alternance l’Elixir d’amour de Donizetti.

Les autres solistes sont bien distribués. Je n’en dirais pas autant des chœurs Gustav Mahler qu’il me fut difficile à entendre tant leur prononciation française fait défaut .Les voix ne sont pas désagréable, mais que ces ensembles sont peu soignés ! Le style français n’est pas véritablement respecté. Alors que dans Gluck  le rôle des chœurs est essentiel.

L’orchestre baroque de Freibourg  (Freiburger barocorchester) placé dans la fosse de l’opéra de Vienne  ne m’a pas éblouie .Les violons sont maigres, l’harmonie parfois faible et cela   malgré une battue et une implication parfaite du chef anglais Ivor Bolton.

Quant à la mise en scène, elle est consternante. J’hésite entre cucu la praline et idiote pour la qualifier.

Car donner  poupées, nounours et autres Teddy Beer à tous les personnages qui entourent Alceste et Admète  et transformer  leurs enfants en rejetons niais et attardés, revient à introduire une notion moqueuse dans ce drame admirable.

La prétention de Dirk Becker par son décor inepte et Christof Loy [3] nous ont concocté  une mise en scène du genre bobo (bourgeois bohème) et snobinarde à souhait. Il y a des moments où l’on se dit qu’un bon concert ! Ce n’est pas mal du tout.

L’essentiel est que le public ait fait un triomphe à Véronique Gens qui fut en tous points parfaite et domine la scène et la distribution haut la main.

Amalthée

 



[1] Messe en Si mineur et Enfance du Christ

[2] Le célèbre compositeur occupa en son temps une place prépondérante à Vienne, mais vint à Paris-grâce à la reine Marie Antoinette, y bousculer le genre italien qui sévissait alors.

[3] Il se demande sur son site  internet : D’où nous venons et vers où nous devons aller…Ce que n’importe qui de sensé, s’étant donné la peine d’assumer le quotidien de sa vie sans prendre le commun des mortels pour des imbéciles, pourrait lui dire : vers la dingoterie générale si nous le suivons !

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Hélène Cadouin
dite "AMALTHÉE"

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