Adieu à Brigitte Engerer

Samedi 23 juin Brigitte Engerer s’est éteinte à l’âge de 59 ans victime d’un cancer.

Elle avait lutté et triomphé de la maladie mais la camarde revenue pour vaincre l’emporta. Celle qui aima la vie comme une source et parvint à la boire avec gourmandise élégance et passion demeure avec nous par son souvenir lumineux.

Brillante pianiste décorée 1, membre de l’Institut fut à l’opposé de tout carriérisme.

 

Elle avait épousé Y.Queffélec le père de sa fille.

Fondatrice de Pianoscope où elle recevait de jeunes artistes et un public en quête d’authenticité .Admirée du monde artistique pour ses audaces et sa parfaite élégance de cœur et de pratique, elle fut au sommet de son talent dans la superbe grandeur des êtres sans fard .

Brigitte demeura une virtuose et une enfant prodige ,curieuse et stylé capable de s’étonner , de rire. Son admirable parcours peu conventionnel la portait en une femme aimable et spontanée vers tout le répertoire mais particulièrement le répertoire romantique.Dans ses élans vers le public qui comptait plus que tout, comme avec ses partenaires elle donnait tout et nous l’aimions comme une amie que l’on retrouve assurément de rendez-vous en surprise. Et qu’importait alors le programme puisqu’elle avait choisi de nous emporter et de nous faire vivre avec elle ces partitions et ces compositeurs qui firent d’elle une artiste unique.

À dix sept elle remporte le Prix Marguerite Long Jacques Thibaut ,moment décisif qui lui fait grimper et atteindre la classe de Stanislas Neuhaus au Conservatoire de Moscou . Où elle demeure neuf ans.Il dit alosr d’elle qu’elle avait “un sens inné d’établir le contact avec l’auditoire“

Alors, nous sommes en pleine guerre froide et l’URSS bien loin de ressembler à ce que la République devint mais ceux qui l’entendaient,devinèrent la force solaire qui l’animait.Brigitte y connut la chaleur d’un public nombreux et de collègues immédiatement conquis .Avec ce peuple de nombreuses affinités se révélèrent en particulier, combien la différence d’état d’esprit de l’est à l’ouest est marquée . Les dures banquettes de la vertu lui servirent de tremplin ,au point que l’un des premiers concert à l’ouest fut avec Herbert von Karajan qui l’invita à la Philharmonie de Berlin en concert et pour commémorer le centième anniversaire de ce même orchestre en 1982…Elle a trente ans et ce premier triomphe avec ce chef encore en pleine gloire sera déterminant.

Pourtant ces triomphes avec les grands orchestres et les chefs prestigieux , tout comme les Festivals qui la sollicitèrent n’entament jamais sa franchise et sa grandeur.Elle était possédée par un besoin d’absolu et le choix des œuvres comme de certains lieux la guidèrent souvent là où justement on ne l’aurait pas attendue au rang de virtuose en vue.

Elle aima La Roque d’Anthéron et la Folle Journée de Nantes alors que ces manifestations se tenaient devant un public populaire et non conventionnel .Et dans ces lieux où parfois fusaient des applaudissements quelque peu indisciplinés ,elle savait rétablir le silence d’un sourire tendre et irrésistible qui nous touchait au fond de l’âme. Car elle portait la musique comme une offrande miraculeuse ,de tout son cœur.Et cela le public ne l’oublie jamais.

Pour ses enregistrements ,il s’en trouvent aussi bien chez les éditeurs

1 Légion d’honneur,Arts et lettres

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Hélène Cadouin
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