Intégrale de Sonates de Beethoven par

Abdel Rahman El Bacha

 En tout premier lieu et avant que je ne vous présente un commentaire détaillé de cet enregistrement et du pari formidable accompli voici qui interpelle tout mélomane .

Abdel Rahman El Bacha dans la mouvance  de concerts dont quelques uns à La Roque d’Anthéron et à Tour récemment sur leur Intégrale, grave les 32 sonates de Beethoven dans l’ordre chronologique.

Ludwig van Beethoven a Vingt quatre ans lorsqu’il compose ses premières sonates de l’opus 2. De la première très courte les spécialistes de l’écrit disent qu’elle donne une belle matière pédagogique.

 

Nous sommes en 1794/95.Mozart s’est éteint quatre années auparavant et Papa Haydn vit encore pour une quinzaine d’année. Le jeune Beethoven  montre avec sa création qu’il sait suivre la voie de ses maîtres et cependant ouvrir une voie royale au genre sonate.

Car la sonate qui ici est pour un concertiste t virtuose sans Maître, donc un concertiste à la recherche d’un cachet…Est écrite non pas pour distraire un prince ou une mécène, mais pour que l’artiste puisse s’exprimer dan toute la force de son imagination, de son talent et de son désir de s’accomplir dans un art de communiquer avec ses semblables. Non pas pour les distraire forcément.

Le dix-neuvième siècle est encore voué au partage de l’Art avec ce que cela comprend de partage pour chacun, pour tout être qui apprend de la vie et des acquis intellectuels communs à tous les peuples.

Interpréter dans l’ordre chronologique pour Abdel Rahman El Bacha n’a rien de scolaire au sens stricte du terme, c’est le chemin de vie et il se place dans les pas de Beethoven et ses pas le conduisent au travers de l’existence, du destin, du parcours. Nous passons ainsi parfois à les toucher les neuf Symphonies, les Quatuors et même l’opéra unique et incroyablement puissant qu’est Leonore renaissant de ses cendres en Fidelio.

Il faut se souvenir que vingt sonates sur les trente deux, précèdent la symphonie Héroïque, datant de 1803-1805 et créée pour le Prince Lobkovitz en 1805 en Juillet.

La Waldstein numéro 21 est contemporaine de la composition de cette troisième symphonie dite Héroïque et que dédiée au Comte Waldstein elle porte aussi le sous titre d’Aurore .Ce qui se révèle très juste comme expression tant la qualité de la composition nous conduit vers une pensée fraîche et naissante digne de ces matins de printemps promettant le soleil.

Sur les quinze années qui ouvrent avec la messe en ré et qui vont suivre une autre étape marquante, la crise de 1815 qui semble atteindre Beethoven dans son élan créateur…et il repart ! Vers l’apogée avec l’opus 106, la Hammerklavier .Sonate numéro 29.

Il  reste alors à donner naissance aux extraordinaire  et fulgurantes dernières pièces  des opus 109, 110 et 111 les sonates 30, 31 et 32.

Années d’Adieu au piano et sonates qui seront suivies d’œuvres  dont la Neuvième symphonie sorte d’anticipation de l’opéra romantique comme Fidélio fut l’Adieu irrémédiable à l’opéra classique.

Et presque tout est dit du caractère incontournable de Beethoven affirmé par ce monument d’une richesse profuse et miraculeusement jaillissante en constante relation avec le reste de son œuvre.

Tous les compositeurs qui suivront dont Schubert qui vénéra Beethoven et Liszt puis Chopin ! Ou bien Chopin et Liszt dans le même élan ?!

Voici dont Abdel Rahman El Bacha souverain discret et artiste profondément éclairé de l’intérieur se replaçant dans l’œuvre du géant avec une deuxième intégrale[1].

Pour cet enregistrement l’interprète a choisi un Piano récent de chez Bechstein avec un clavier de 2,82m.

« Je crains toujours le caractère percussif du piano : il peut servir certains styles, mais tellement desservir la musicalité par ailleurs. J’ai donc préféré prendre le risque de paraître un peu moins brillant en m’intéressant à un piano d’une plus chantante profondeur, plus ronde. Le toucher du Bechstein ne ressemble pas à un autre piano, on y éprouve une sorte de sensualité qui évoque lointainement les Pleyel…Ce piano Bechstein permet de donner un galbe, une vie au beau son etc. ».

Il va sans dire que El Bacha laisse pour  fausse monnaie  et passe  au delà des idées émises il y a quelques trente années sur les instruments dits « authentiques ».

Comme le chef Alberto Zedda lui même pianiste avéré et chef d’orchestre : l’artiste compose pour l’avenir ! Pas pour le passé. Si Beethoven avait connu nos instruments actuels il aurait applaudi.

Dix cd ! Un coffret sobre et un livret parfaitement détaillé et didactique.

Sans aucune ombre au tableau, l’enregistrement est d’une remarquable fidélité aux vœux de l’interprète. Voici que s’ouvre à nouveau la fenêtre .Les trente deux sonates parfois comme sorti des mains du compositeur coulent selon votre écoute. Même distraite qu’importe la musique surtout celle là vois rejoint même dans vos étourderies. Le monde illimité de Ludwig van Beethoven semble  insondable tant il demeure de mystère  et d’émerveillement d’écoute grâce à un interprétation d’une liberté totale, d’un engagement formidable et d’un souffle inépuisable.

Un magnifique cadeau à offrir pour réentendre celui qui nous est une référence et pour inviter la jeune génération à aimer et à jouer de la musique pour la partager.

 Amalthée

Chez MIRARE

Editeur à Nantes



[1] Avant l’année 2000 il a gravé pour Forlane l’intégrale des ouvres pour Piano de Chopin y compris les Mélodies pour Soprano.

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Hélène Cadouin
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