Leif Ove Andsnes et Rudolf Buchbinder

Beethoven et Schubert

  Le festival en réalité commence avec Leif Ove Andsnes qui en deux concerts dirigeants l’orchestre de Mahler  de son piano, les cinq concertos de Ludwig van Beethoven.  Une épopée en deux journées d’une intensité souveraine. Les numéros 2, 3,4 en premier lieu et le premier couplé avec le somptueux cinquième.

Cela fait partie de sa tournée et de ses enregistrements en cours et futures.

Une Intégrale rare. Le cheminement de ce pianiste dont la pensée est totalement investie nous restitue de manière naturelle et remarquable l’adresse technique, la virtuosité visionnaire et la profonde reconnaissance à Mozart et Haydn du grand Ludwig van Beethoven.

 

Dans ce parcours qui n’est plus tellement à “mode “aujourd’hui, la simple lecture en toute humilité d’un  virtuose nous amène à réentendre Beethoven et à pénétrer génie en nous interrogeant. Cette course, ce destin et cet accomplissement demeurent dans la pensée  contemporaine comme un exemple auquel s’adosser pour assouvir notre quête de beauté et d’idéal.

Entre les deux premiers  concertos et le cinquième le musicien instrumentiste et l’homme,  ont franchi un pas de géant, certes. Mais tout y est du parcours ! des accents d’une Missa Solemnis dédiée à Rodolphe de Habsbourg à la neuvième ce chant puisé aux plus fort d’une âme parfois désespérée et pourtant croyant en l’avenir rayonnant de l’humanité.

Avec ses Concertos le pianiste génial nous révèle l’orchestrateur  et l’instrumentiste. Le clavier n’est pas suffisant à son époque pour ses envols, ses acrobaties expressive, son touché sensible à l’extrême, sa fougue et ses glissement vers l’infini ; qu’importe viendra le temps de la promesse d’instruments performant.

Et c’est dans cet esprit et avec cette recherche d’une sonorité fidèle à la hauteur de l’espoir d’expression sublimée que Leif Ove Andsnes nous convie.

Virtuosité, sérénité, fougue, tempérament ravageur à certains passages et incantations parfois impérieuse  à l’idéal d’un  discours souverain dont l’humaine dimension demeure  tournée vers le très Haut.

Dans ces interprétations tout est pesé avec en filigrane l’obédience et la fidélité au grand homme. Aucun  pathos, nul tragédie abimée  de nuances superflues .Aux réflexions les plus sombres, aux moments de souffrance, d’angoisse et de solitude ayant présidé à la composition de tel ou tel passage, la noblesse et la fierté de l’homme courageux et digne de son Créateur, ressurgissent et redonnent l’espoir d’un avenir rayonnant.

La parfaite osmose entre le soliste à son clavier  et les instrumentistes de l’orchestre, s’avère riche d’une expression plus sensible que sous la direction d’un chef d’orchestre serait-il le plus talentueux. Le dialogue d’une concordance vivifiante, le partage d’une rencontre dans laquelle chacun affronte et surmonte les subtilités et les écueils avec son propre talent au regard de celui qui mène le discours, nous ramène aux origines de ces Académies et concerts donnés par Beethoven lui même.

L’interprétation de Leif Ove Andsnes, fidèle et dramatique  nullement enfermé dans  des  clichés “baroques“ est une  lecture fidèle, inspirée et puissante. Elle s’accorde  à notre écoute, comble notre attente. Car quoi qu’en pensent certains historiographes, nos oreilles et notre âme sont à la mesure de l’héritage.

L’orchestre de chambre Mahler possède la jeunesse et la tournure d’esprit  de varier et vivifier la sonorité  de leurs instruments. Tournés vers l’avenir, ils savent demeurer  fidèles et venir à notre rencontre. Loin  de certains stéréotypes d’orchestre peut être plus côtés mais souvent dénués de la pensée de l’instant. Et cela n’a pas de prix ! 

Deux grands moments d’élévations aux cimes .Perfection instrumentale et tenue du discours, ont atteints à l’idéale de l’interprétation d’un moment unique. Le concert n’est beau que par son intemporalité et la trace qu’il laisse en nous d’une intime manière, avec ce sentiment de ne plus jamais le réentendre ! 

Un succès chaleureux que des applaudissements fournis ont couronné.

Nous attendions, le lendemain, E .Kyssin qui ayant déjà annulé ailleurs n’est pas venu.

Pas de chance ! 

Mais Rudolf Buchbinder  a donc relevé le défi avec panache.

Une sonate Appassionata de Beethoven d’une clarté olympienne, avec des passages virtuoses étourdissants. Mais surtout,  Ô sublimes minutes La fameuse Sonate D 960 de Franz Schubert.

Avec ce pianiste aucune convention ancrée. Un cheminement assidu et têtu d’un passager de la vie de la mort, de la joie et de la prière, qui en fin de parcours se révèle un frère !

Quelle envolée et quel parcours. Le Schubert du Wanderer et des Lieder comme celui des larmes au travers de toute joie passe et rassemble les plus ardents et les  plus candides ! Ici le Franz Schubert de   la Grande symphonie, la numéro neuf, a pris son bâton de pèlerin et nous convie à passer outre les mauvais génies et les tentations au désespoir.

Que vivent ces artistes qui ne se soucient presque plus de leurs enregistrements ! Et qui se dérobent aux critiques…Voici un artiste d’un naturel et d’une sincérité bouleversant nos âmes .Un esprit habité dont la sincérité et la franchise de jeu dépasse l’exercice et la peine pour nous offrir une partions sortie des mains du compositeur, l’encre encore fraîche !

Le bonheur de Lucerne est justement cette salle du KKL, sa sonorité naturelle son confort qui permettent à l’auditeur de se laisser porter par la musique.

Un très bon cru cette année encore avec surtout ces deux rencontres de Leif Ove Andsnes et Rudolf Buchbinder.

Amalthée

 

 

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Hélène Cadouin
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