Par Michel Pateau

 

Édition Feuillage  [1]

 Je sais enfin, l’idéal n’est pas dans ce monde mais derrière certaines portes, on touche dans tous les sens le plaisir d’être chez soi. M.Pateau

 Un homme parvenu à l’ âge de la retraite se penche sur son adolescence.

Il est journaliste de terrain et romancier. Il domine avec une expérience avérée un certain nombre de sujets et possède une large connaissance de la société telle qu’elle est et telle qu’elle fut.

Son récit est le reflet de ce  professionnalisme toujours vivant et contemporain, donc  accessible au plus grand nombre.

Le voici redevenu pour le temps d’un récit, ce gamin intelligent, sensible et doté d’une imagination bien tournée, qui nous devient proche dès les premières lignes. Le style d’écriture vif et clair traduit la sincérité et la fidélité aux évènements, aux mentalités  et aux moeurs de la société de l’époque sans une once de critique ou de reproche.

De même cet ancien pensionnaire ne traine pas après lui le “chapelet“ de récriminations, sans oublier les critiques souvent idiotes, dont certains anciens collégiens(nes) et lycéens(nes) pensionnaires se sont fait(es) les champions(nes) pour se rendre intéressants.

Donc notre auteur  a passé ses années de secondaire chez les pères! Expression idoine pour les garçons. Pour les filles, on disait chez les soeurs. Je fus de ces élèves pour le primaire et la sixième. Et ensuite au bahut général.  Je n’ai jamais rien regretté de ce mode d'éducation et j’ai  aimé ces années là, car nulle part on ne travaille aussi bien que pensionnaire. Et j’y pense encore avec une certaine nostalgie. Au temps de notre prime jeunesse-1960- en dehors des cas de divorce ou perte des parents l'internat n''était pas vécu comme une punition, encore moins comme une mise à l'écart mais comme une nécessité. Quelquefois l'élève lui même préférait la pension à des trajets journaliers fatigants. D'autres fois   lorsque les parents vous sentaient quelque peu difficile sur la discipline ou plutôt attiré par les balades que par le latin ou l’algèbre, il était très courant de se retrouver au pensionnat catholique. Et même à l’’autre.

Certes les cercle des familles encore capables de choisir ce mode d’instruction privé étaient limités, mais tout de même nombreux en proportion des établissements d’État.

Nous étions entre filles et femmes. Ils étaient entre garçons et prêtres. Nous avions les pions et pionnes plus ou moins supportables et les profs plus ou moins sympathiques. Et très souvent le meilleur de l'établissement se trouvait être le ou la bibliothécaire.

Il y avait dans ces garçons tous les traits de caractère et les milieux sociaux n’étaient par forcement en bonne communication. Il s'y nouait des affinités durables comme des amitiés  et des camaraderies sans lendemain.

Notre rédacteur a connu le Premier jour, cette Rentrée dans la cage aux “autres“, qui vous paraissent  autant de fauves et vous donnent ce malaise qui  prend aux tripes à chavirer devant l'inconnu! Devant les inconnus! Devant le premier venu qui vous toise et vous demande;

—Tu ou vous n’avez pas d’uniforme?

Et de commencer à donner les ordres de marche en frappant son bréviaire! Clap! Clac!

Du Directeur aux surveillants de l'internat et de l'externat.  Devant le dortoir vide où l'on pose pour la première fois la valise! Il a connu ce dortoir glacial le soir et le matin. L'impossibilité de bouquiner à sa guise…la table du réfectoire et la bataille pour  remplir son assiette avec un “truc“ mangeable ou bien se débarrasser de ce qui est inimaginable à avaler…Et puis l’inconfort de bâtisses qui pâtissent du poids des ans…les douches pas très reluisantes et les endroits  de toilettes et water indescriptibles .

Le dirlo pet’sec , Nenesse et les surveillants partisans, maladroits ou complexés .

Et les autres pensionnaires qui a chaque classe au fur et à mesure des années changent ou bien demeurent vos complices ou vos adversaires. Les froussards devant l’autorité et les culottés tous azimuts qui vous embarquent dans des lieux insoupçonnés des autres . Les récréations polluées par des nervis en herbes ,le bossu et ses servants, s’attaquant à l’un ou l’autre désigné pour devenir leur victime.

Oui mais il y a Bertrand  qui vous sauve de la hargne injuste et l’Économat, la bibliothèque et le père Denais  et les livres avec lesquels les liens se tissent.

Les sorties de fin de semaine  et les retours avec papa au volant de la Peugeot 203! La 203 cette automobile qui parut somptueuse pour l’époque qui n’avait comme concurrente que la traction avant…La DS de Citroën , sortie en 55 c’était déjà  un autre monde, celui des commerçants arrivés ou parvenus. Et les futurs snobinards que l’on rencontre après!

Il y a eu aussi , les jours de consigne parce que l’on s’est pris une bonne colle!

Il y a aura l’aventure de l’exploration des lieux interdits de ce grand bâtiment et des champs alentours tous  d’un autre âge qui se révèlent à leurs yeux comme autant de merveilles, grâce à Bertrand,  l’aristocrate capable de toutes les audaces . Et aussi les effets du Concile de Vatican II avec les prêtres qui laisseront leur soutanes aux archives de l’histoire.

Et puis un jour il y a le dernier retour du soir…Le pensionnat c’est fini! Le secondaire aussi. Comme la 203 remplacé par une autre auto. On passe à la vitesse supérieure les études universitaires ou les grandes écoles.

On oublie le piou piou un peu fragile entré en cinquième qui pense à son gouter de la maison!  On laisse pour un temps les souvenirs de ce temps là. On est devenu un homme qui perd de vue son passé et n’ose pas téléphoner à l’ ancien copain Bertrand…Celui dont les parents habitaient un château!

Et une vie, une carrière passent.

Un récit bien dosé  entre conscience du réel et nostalgie d’une adolescence  en clôture, vécue en toute innocence du temps qui passe et transforme tout… embelli ce que l’on veut. Même les moments que l’on pense terribles et qui sont des épreuves bénignes  au regard des épreuves de la vie.

Le temps des versions latines et des problèmes de géométrie dans l’espace, épiques que l’on partage  avec ceux qui ont l’imagination fertile. Le temps des poètes qui rêvent et des vers d’Alfred de Musset répondant à  Dante:  Qu’un souvenir heureux est peut être sur terre plus vrai que le bonheur.

 Par ces temps de confinement ce livre est comme un verre d’eau fraîche[2]

Amalthée



[1] Distribution saint léger production[2] Dante pourquoi dis tu qu’il n’est pire misère qu’un souvenir heureux dans un jour de malheur: un souvenir heureux est peut-être sur terre plus vrai que le bonheur.

 

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Hélène Cadouin
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