L’Amour
Ou le chant Français
Joan Diego Florez
Le fameux extrait de l’opéra de Charles Gounod Roméo et Juliette Ah ! Leve-toi soleil !
Donne le titre à cet album avec lequel le célébrissime ténor d’origine péruvienne vivant en Italie à Pesaro, a réuni douze chants français comme en panache de notre patrimoine lyrique et musical. Douze extraits d’opéras français du XIX ème siècle.
Si difficiles à rendre en raison de notre langue qui exige un prononciation sans accent et une musicalité sans accrocs, dénuée de toute tentation et tentative de racolage de l’auditeur.
Honneur à Hector Berlioz dont il nous donne un extrait des Troyens Ô blonde Cérès. Serait-ce une promesse ? Il vient de chanter l’Arnold du Guillaume Tell de Rossini. Que chantait Chris Merritt . Alors à quand Enée de ces fameux Troyens ?
Le phrasé et le sentiment exprimés avec une telle flamme et une telle élégance me laissent espérer.
Tout comme son admirable, le Werther et ses deux remarquables :
Ô nature pleine de grâce suivi de Pourquoi me réveiller ?
Le timbre clair l’aigu envolé comme un vent de sirocco déjà atteint par la tristesse. !
La Dame Blanche : ah ! Quel plaisir d’être soldat et Viens gentille dame pour laquelle l’humour le dispute au brio.
Et que dire de cette Fantaisie aux divins mensonges extraits de Lakmé de notre cher Delibes qui vous attend suivi de Oui je veux promener mon âme vagabonde du Mignon d’Ambroise Thomas. Voici pour l’art de changer d’atmosphère et d’expression sans dévier d’une ligne de chant toujours maîtrisée et musicalement parfaite.
Et nous ne manquons pasAu mont Idaextrait de La Belle Hélène de J.Offenbach qui vous semblera irrésistible par son mélange de folles envolées teintées d’humour et de tendresse et de truculentes fantaisies.
La jolie fille de Perth de G.Bizet ne manque pas avec son À la voix d’un amant fidèle.
Vous aurez également le Postillon de Lonjumeau dont seuls Gedda et John Aller furent capables à notre époque de rendre la parfaite plastique et l’élan dominateur de ce fameux Do5 passage obligé de tous les interprètes et plus haute note écrite pour ce registre.
Nous n’avons pas La fille du Régiment, car un DVD et un CD ont largement diffusé JDF dans ce rôle. Qu’importe ! Nous avons avec l’inattendu Favorite de Donizetti en version française un plaisir absolu. Accompagné du baryton Sergey Artamonov en Balthazar ce dual révèle s’il en est besoin le sens tragique que sait donner à ses prestations cette belle voix parvenue à une ample puissance murie et toujours chargé d’émotion spontanée.
Lorsque Juan Diego Florez âgé de 23 ans, apparut sur l’immense scène du Festival de Pesaro en Août 1996 pour remplacer un ténor “lambda“ incapable d’apprendre la partition du Corradino cuore di ferro-rôle d’une virtuosité repiquée de difficultés totales et personnage de Mathilde de Shabran de Gioacchino Rossini, ce furent choc et bouleversement à vous laisser collé au fauteuil. Nous avions là, un ténor rayonnant, puissant d’une juvénile aux réserves sans fin, capable d’élaborer les virtuosités pyrotechniques les plus élaborées !
Arrivé cette année là à Bologne pour le concours de recrutement du prestigieux Festival, engagé immédiatement pour chanter dans Riccardo et Zoraïde, il se trouve en répétition sur le lieu alors que le surintendant Lucas Ferrari soudain privé d’interprète pour Mathilde de Shabran risque le pari et confie la partition au jeune chanteur. JDF se passionne pour cette œuvre et relève ce défi incroyable !
Les aigus brillants, le légato d’une folle aisance, il émettait son chant aussi naturellement qu’il aurait prié un Dieu magnifique et tutélaire. L’engagement, la volonté de répondre aux exigences de la partition dans tous leurs secrets étaient ceux d’un fils de chanteur populaire Ruban Florez. Celui-ci, musicien et chanteur de grand cœur émouvait son Pérou natal avec un talent populaire et noble à la fois. Par des chansons péruviennes comme de modernes essais .Et le fils d’instinct chanta comme son papa.
Avançant dans une jeune carrière il composa ses propres airs et poèmes et remporta des succès de Pop star à l’âge de l’adolescence. En 1989 à 16 ans il gagne le concours de chant pour la Paix du Pérou. Le succès inspire sérieusement le père et le fils à donner un cours plus solide à ce métier qui semble fort bien tenir au jeune prodige.
Suit donc l’inscription aux cours de plusieurs professeurs suivi de l’entrée au Conservatoire national de musique de Lima. Enfin la rencontre avec le chef des Chœurs Andrès Santa Maria qui le dirige. Sa présence constante au bain de musique classique lui permet de chanter un répertoire qui fonde sa vocation de ténor lyrique. Le jeune homme en 1994 rencontre à Lima le célèbre ténor Ernesto Palacio qui le guide dans ses choix et lui fait connaître l’Italie où les deux artistes se rendent ensemble à deux reprises. JDF enregistre avec Palacio deux disques : de Martin Soler Il tutore burlato et de Zingarelli Le Tre ore dell'Agonia Et, ainsi le bel oiseau de paradis avec de telles capacités, doublée d’une curiosité et d’un appétit d’apprendre si dévorants gagna le concours d’entrée au Curtis institut de Philadelphie. Trois années de 1993 à1996 qui lui donnèrent toutes les chances de finalise et forger ses formidables qualités naturelles .
Ainsi donc quelques jours avant la première de Mathilde de Shabran à Pesaro [1], le chef Yves Abel [2]avec lequel nous avions rendez-vous pour un entretien, affirma que ce jeune ténor serait étonnant dans ce rôle concocté par Rossini alors à son plus bel âge. Et ce fut exactement le cas le soir de la générale et celui de la première.
Je repris des places pour revoir les deux représentations suivantes, au Palazzo dello Sport de Pesaro. Et cette année là demeure un grand souvenir dans ma mémoire bien que j’ai eu le bonheur de réentendre et revoir J.D.F dans d’autres lieux et rôles tous magnifiquement chantés et joués. En 2013
Je vous ai récemment parle du DVD paru également chez DECCA venu du crû de Pesaro en 2012 dans une mise en scène parfaite pour les nouveaux lieux
Si vous souhaitez faire le voyage en Mai, juin ou fin juillet à Munich vous l’entendrez dans le Barbier de Séville. Je pense plutôt pour ma part l’entendre et le voir à la Scala de Milan dans le Comte Ory de Rossini en Juillet.
Cette année il ne sera pas à Pesaro.
En attendant suivons le avec ce merveilleux enregistrement fait en l’honneur du chant en français dont certains cuistres et autres Diafoirus de la musique disent que le chant français est difficile !
Bravo également à Roberto Abbado et à l’Orchestre du Téatro comunale di Bologna, celui là même que nous avons à Pesaro en permanence.
Amalthée