Ballade pour un Discophile
Venise chante avec Max Emanuel Cencic
Vivaldi ne fut pas isolé à créer l’atmosphère de tendre mélancolie, d’espoirs amoureux délirants et de plaisirs effrénés !
L’opéra est maître des liesses et des virtuosités acrobatiques à Venise qui, à partir de la fin du dix-septième siècle s’épuise et s’étourdit dans les plaisirs afin de se guérir par avance de sa chute, offre à la postérité le visage de la magnificence.
Pas moins de cinq à sept endroits où il fallait paraître, être invités en amateur éclairé pour faire partie de la Venise noble et distinguée. Financés par les familles argentées et respectant l’art des compositeurs tous épris d’acrobaties et de lyrismes voluptueux.
Les théâtres regorgent d’amateurs et ,sitôt composés, les opéras volent de cité et cité porter la splendeur agonisante d’une reine incomparable et perpétuellement admirée.
Lorsque Venise se taira, Naples et son San Carlo sortiront de la mer comme Vénus !
Mais aujourd’hui encore le Siècle d’or nous ramène vers des sonorités inoubliables et bouleversantes.
M.E.Cencic originaire de Croatie a fait partie des Petits chanteurs de Vienne, ce qui donne immédiatement le niveau d’éducation musicale auquel se placent ses interventions. Son rang au théâtre lyrique est désormais bien établie,encore que sa discrétion, et son absence totale d’effet de manche, lui assurent une carrière sereine dans l’agitation générale.
Mais au moins il recueille que de bons et même excellents commentaires.
Il aborde ici un florilège d’Arias de Vivaldi extraits des opéras La Verita in cimento, Argippo et Montezuma entourées d’autres peu connues de Caldara : Barbaro non comprendo, Porta Mormoro quelle Fronde, Gasparini : Dolce moi bene, mia vita, Giacomelli : Sposa non mi conosci ?,Albinoni Pianta bella, pianta amata, Giuseppe Sellitto Anche un misero arboscello. Ce dernier serait plutôt napolitain que de Venise !
Mais qu’importe .L’ambiance est très réussie, vibrante de charmes et piquantes comme une rose au matin. L’orchestre est d’une jeunesse revigorante. L’Ensemble qui l’accompagne, de Né à peu près avec ce disque, il faut retenir son nom éponyme d’un Opéra de Censi : Il Pomo d’Oro et son chef Riccardo Minasi. Il mérite tous les éloges pour la délicatesse et la fermeté de son accompagnement au chanteur et son imagination créatrice d’un climat unique à la fois virtuose et sensuelement délicat. Cette atmosphère ressentie comme une caresse revivifinante est digne des environs de Vicenza en parcourant les Villas de “terra ferma“.Ces chefs-d’œuvre de la Villégiature des Vénitiens dans les siècles qui nous concernent ici et que Goldoni a bien retracés.
La voix de contre ténor souple et admirablement timbrée possède une amplitude de fière aisance que le grain et les harmoniques égaux et réguliers à tous les registres rendent séduisante. Pour la pyrotechnie il est maître incontesté, et il a l’avantage d’y adjoindre un sentiment et une délicatesse particulièrement attachants.
Enregistré à la Villa San Fermo à Lonigo, ce disque me rappelle deux reportages que je fis sur les lieux voici une vingtaine d’années. Il y a des nostalgies que l’on aime à retrouver toute sa vie…Je vous conseille ce disque et vous prendrez alors un billet pour la Vénétie ,avec visite du canal de la Brenta et des lieux uniques des environs de Vicenza.
Chez EMI
Max Emanuel Cencic
Venezia
Opera Arias of the Serenissima