Du bonheur de l’apparente insouciance dans le mariage.

 Quelle belle époque ! À maints égards cette période  permit de  se jouer de tout grâce au théâtre et à l’opéra !

Aujourd’hui il faut être “engagé‘… Et seul mes comiques patentés auraient le droit de rire de l’homme et de la femme pour eux mêmes. Ce n’est pas très gai.

Rossini qui fut véritablement remis au pinacle des Grands avec ses opéras sérieux, tragiques et comiques depuis les années quatre-vingt du siècle dernier. Il apparaît dans cette farce fin psychologue et observateur avisé des mœurs. Et nous en sommes toujours au même parfum !

 

Songez donc, une jeune fille Zaïda  éprise de son Pacha  Selim qui le lui rend et avec tendresse se trouve au bord du mariage…mais jalousée et sujette aux médisances elle doit fuir car subirait un triste sort. Ayant trouvé refuge dans une troupe de bohémiens jongleurs, danseurs, comédiens et lisant l’avenir elle se lamente en pleurs déchirants. Un poète  Prosdocimo fait le joli cœur et cherche argument et trame pour sa comédie qui le rendrait célèbre. Il s’immisce à l’aventure  à son aube.

Nous sommes à Naples bien entendu. Et le metteur en scène Emilio Sagi  accompagné de Javer Ulacia  décorateur, nous dresse les lieux avec Pizzeria et café sous les arcades de pierre grises si caractéristiques de cette région.

Au premier étage apparaît Fiorilla coquette en diable qui attire tout ce qui bouge au masculin pluriel. Elle est l’épouse de Don Geronio ce qui demanderait de demeurer discrète…Mais non seulement elle passe de flirt en flirt et fait jaser avec  un soupirant officiel Narciso. Elle se vante d’en accrocher bien d’autres dans son sillage.

Arrive un bel étranger, il est Turc car c’est à la mode ! Et “tilt“ les voici en plein roucoulement au grand dam de Narciso qui souffre et du Poète trouvan là  matière pour son ouvrage en cours.

Et la ronde se poursuit en  clins d’œil,   paroles engagées, cachotteries et farces en cascades.  Don Geronio la trouve un peu amère…Le cher Selim retdécouvre  les charmes incomparablesde fidélité  de Zaïda …se pose des questions puis ne s’en pose plus.

Geronio cesse de trouver sa position supportable et casse la comedie  en mettant les bagages de Fiorilla sur le pavé…Le Poète trouve tout cela croustillant. Et Narciso pense que ces bouleversements  ne conviennent pas.

Bref on se déguise en Selim afin de clarifier sentiments,  décisions etc. Après  une nouvelle envolées de menaces et de serments tout rentre dans l’ordre : Zaida et Selim reprennent le même bateau. Fiorilla et Don Geronio  déferont les bagages de la séductrice impénitente qui désormais mettra plus de formes à faire porter les cornes à son mari. Narciso en est ravi…

Quel bonheur ! Comme cette musique est savoureuse, gouleyante, telle un vin de messe et que cette jubilante hypocrisie du mariage bien établi me ravit. La Fiorilla de Sabina Puértolas est affriolante sur le plan vocal et passe l’orchestre comme une colombe. La voix ferme et habile dissimule la technique vocale parfaite sous des ornements et virtuosités élégants et pimpants. Le soleil est aussi dans la voix de Narciso : Yije Shi que nous avions tant apprécié dans la Favorite. Il a encore amélioré sa diction italienne,  ses aigus sont désormais plus scintillants et rapides sans à coup . Une certaine grâce méditerranéenne a déteint sur ses origines asiatiques , son charme juvénile en fait un complice parfait pour Rossini dont il  acquiert le style mi sérieux mi comique avec une remarquable aisance.

En Selim, Pietro Spagnoli nous suggère immanquablement cette émotion subtile du rire aux larmes. Il est à son apogée avec des graves  fruités, une  agilité de l’aigu incisive, un  phrasé souple, marqué d’une tension vocale puissante . Le Geronio d’Alessnandro Corbelli  est  un beau moment par la variété et l’intelligence de sa personnification. Voici un chanteur que nous entendons et voyons depuis plus de trente ans avec le même plaisir. Une voix de caractère, aux accents savoureux et musicalement charmeurs. Quant à Franziska Gottwald cette égérie du style baroque trouve ici son plein épanouissement  vocal et musical en se glissant sous les voiles d’une Zaïda pulpeuse, émouvante , virtuose d’aigus perlés et de déplorations alarmées , musicales et  suggestives … par moments ensorcelantes. Elle possède  et joue de ce charme indéfinissable des amoureuses constantes et  irrésistibles.

Le Poète Prosdocimo domine son monde et virevolte avec humour, sagacité et profonde constance en la personne de Zhen Zhong Zhou. Un parcours sans faute pour ce chanteur originaire de Shangai qui possède parfaitement la langue italienne pour jouer musicalement avec les mots et les notes et donner cette impression de naturel reconquis dont les meneurs de jeu doivent  posséder les arcanes.

La direction d’orchestre tout feu toutes flammes appartiennent à Attilio Cremonesi dont la complicité nuancée d’autorité aimable fait merveille avec l’Orchestre et les solistes. Une direction aérée et rythmée de bonne humeur qui fait scintiller les cordes et luire l’Harmonie et les cuivres. Mais surtout  Attilio Cremonesi possède ce sourire tenu par la tendresse indispensable à Rossini. Bon Vivant mais sans débordements excessifs. Délicat et élégant, intelligent et aimant d’une tendresse profonde cette musique incomparable.

Trois belles heures sans ombre avec une équipe réjouie et réjouissante.

Amalthée         

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Hélène Cadouin
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