Genève   Une Magnifique Renaissance

Vous avez jusqu’au 7 juin pour partager cette exceptionnelle réalisation sur ARTE Concert.Tout est réuni . Sous la houlette du metteur en scène David Alden et dirigé par le chef français Marc Minkowski fidèles à la signification et à la puissance dramatique de cette pièce éminente du répertoire lyrique français. Le faste spectaculaire établi par des décors  changeants , mouvants  et suggestifs, des acteurs chanteurs parfaitement investis ne laissant rien au hasard et une direction musicale au style parfait mettant en valeur les chanteurs et la  magnifique puissance évocatrice de la partition.

Le Gand théâtre de Genève  a déployé une distribution vocale d’exception pour cet opéra

disparu des scènes lyriques entre 1930 et 2007.

Un peu d’histoire

Composée sur un livret d’Eugène Scribe cette œuvre en cinq actes et grand effectif répond aux critères du Grand Opéra à la  française.

Hector Berlioz et Richard Wagner lui reconnurent des qualités  orchestrales nouvelles et un sens du drame absolu. Bien interprétée [1] ,peu d’œuvres de la même époque peuvent lui porter ombrage.

Saluons en première place la performance  impressionnante du ténor américain John Osborn dans le rôle héroïque d’Eléazar, juif et orfèvre, père de Rachel.  Il ne quitte presque pas la scène au cours des cinq actes. Sa tessiture étendue  sur trois registres régulièrement timbrés aboutit à un aigu superbe d’un exceptionnel et  puissant mordant    d’une intensité dramatique irrésistible. Son chant dosé ,tranchant,  se détachant du soutien musical avec aisance et  force de souffle sans effort apparent, demeure expressif, intense et virtuose , même dans les passages de colère qu’il assène avec une violence cataclysmique sans que le timbre cuivré ne subissent d’altération, ni la prosodie comme la prononciation ne déraille  ou se brise. Sa pratique de  la langue française dénote une  élégance et une intelligence  des textes parfaite. Ainsi ce personnage au caractère irréductible, implacablement demeure campé sur sa foi et animé du désir de vengeance  récurent jusqu’à l’ultime instant de son existence .

Son interprétation de l’Air le plus célèbre “Rachel quand du Seigneur a laissé la salle presque muette d’admiration pendant le chant. J’avoue avoir été bouleversée par cette lecture absolument superbe. Osborn parvient à changer d’intonation pad<r une altération de couleur vocale entre ses deux attitudes successives( abjurer/ne pas anjure) en quelques minutes. C’est fascinant, convaincant à l’extrême, on entre presque dans le délire de martyre du  chanteur tant l’atmosphère s’est tendue pour ensuite exploser.  Un très grand moment qui marque cette œuvre pour longtemps. Et Marc Minkowski conduit ici son orchestre de façon magistrale il explose et se reprend ! Somptueux !

Face à lui la Rachel de Ruzan Mantashyan est idéale, tant sur le plan théâtral que musical. Elle possède parfaitement ce rôle,  sa voix de soprano lyrique, au medium fourni, puissante et gainée comme sa technique vocale la portent à l’excellence de l’interprétation. Expressif et harmonieux, son chant demeure  nuancé en avançant dans l’action .Elle est cette vaillante fille, ardente, brave et fidèle, capable d’aimer à la folie un homme qui la trompe sur son identité et ensuite de renoncer à poursuivre son erreur en pardonnant . Elle baigne dans ce qu’elle croit être la foi de ses pères et y demeure fidèle, elle aussi implacable et déterminée mais toujours merveilleusement éclairée par l’amour .

Quant au Roumain et ténor de grâce Ioan Hotea il campe un Léopold/Samuel de grande allure passant de Léopold, guerrier victorieux de l’Empire à son double le faux  “étudiant rabbin“, séducteur d’une juive et encourant le bûcher tout comme elle.  Il  traverse cette tragédie qu’il a lui même provoquée avec un sens inné du pathétisme. La voix éclatante de jeunesse , le timbre lumineux franchissent l’orchestre avec une vaillance sans faille.  Il se joue des changement d’expression et d’affect et les passages de registres avec une insolence vocale superbe. Et en fin de tout…Sauvé par Rachel, il parvient à être désinvolte ce qui n’est pas faux ; car on peut douter de sa sincérité envers Rachel.

Voici trois acteurs chanteurs au sommet de leur art s’accordant à la perfection pour accomplir une renaissance d’un réalisme tragique exceptionnel . La scène qui les met en présence   alors que  le faux Samuel et Rachel tentent de fuir la demeure d’Éléazar est d’une telle intensité  qu’elle poigne, laisse sans voix .  Tout comme celle, deux scènes plus loin de la dénonciation  par Rachel des leur commun et coupable adultère, cette fois devant la Cour impériale assemblée pour le Triomphe guerrier de Léopold sur les Hussites sont un des sommets de l’opéra.

Mais n’omettons pas la composition tout en nuances psychologiques de Dimitri Ulianov qui sert le Cardinal de Brogny avec toutes les nuances  raffinées qui donnent à ce personnage sa dimension humaine, compatissante et secourable. La vois de basse chantante sait dominer le tumulte et les grondements qui lui font face comme el sait dialoguer avec les autres chanteurs sachant conserver au personnage hiératique sa profondeur et son prestige. Sa scène avec Éléazar demeure concoure à la parfaite réalisation de la représentation.

Enfin la Princesse Eudoxie , Elena Tsallagova est un excellente  soprano lyrique, très jolie et élégante en scène,  dotée d’une voix limpide, fraiche et parfaitement gainée. Son chant passe sans effort de la joie pétulante à la souffrance la plus sincère. Et comme ses autres camarades de distribution son français est excellent.

Voici une réalisation qui a été filmée au cours des représentations de Septembre 2022 et sui est à notre portée jusqu’au 7 juin 2023.

Je vous conseille vivement de ne pas oublier de regarder un des plus excellent spectacle retransmis ces derniers mois.

Vous passerez une soirée ou un Après Midi passionnant

Zone de texte:  Composé Représenté à la Salle le Pelletier le 23 février 1835 pour la première fois et sous la direction de François-Antoine Habeneck le succès est au rendez-vous.
Le sujet y est pour beaucoup. L’action se déroule au moment du célèbre Concile de Constance,  lequel  réuni par l’empereur Sigismond  pour mettre fin du  grand Schisme en Novembre 1414 dura jusqu’en Avril 1418. Au cours de ce Concile Jan Hus fut trahi et brûlé, car il lui avait été promis que s’il composait avec le Concile il aurait la vie sauve.
Mais le fait qu’il fallut à l’empereur régler la question de trois papes voulant régner… fit qu’après lui avoir donné un sauf conduit il le laissa brûler par Le Concile en 1415. Cette trahison redoubla la colère des tenants de la cause Hussite( Prague en Bohème en était le siège) . Les faits invoqués concernant la filiation de Rachel sont avérés.
Eugène Scribe en fit un livret de très belle qualité littéraire et dramatique et les airs sont bâtis avec un sens de la tragédie française tout à fait remarquable.   
Amalthée

 

 Plusieurs vidéo courtes sont sur You Tube pour entendre et voir les solistes cités ici. Vous pouvez aussi vous procurer les différents enregistrements de John Osborn et Marc Minkowski en vous adressant à votre disquaire.

 



[1]comme vous pourrez l’entendre et le voir sur ARTE Concert depuis le 15 décembre et jusqu’au 7 Juin 2023

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Les livres

Hélène Cadouin
dite "AMALTHÉE"

Tel. 07 88 21 15 46

Mail. contact@amalthee-ecrivain.info

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