Lakmé à l'opéra de Montpellier
Alors que cet opéra avait triomphé à l'opéra comique dès sa création en 1883,la vague de la musique de Wagner et de ses émules tenta de recouvrir l'opéra de caractère français! Une centaine de représentation et des reprises sur le coup au fronton des grandes maisons mondiales,dont surtout le triomphe récurrent de Lili Pons aux USA avec ce fameux Airs des Clochettes devint bien malgré l'artiste une rengaine ,ce qui contribua à provoquer des jugements péjoratifs sur l'oeuvre.
Près d'un siècle passe, alors en 1970 Alain Lombard au pupitre et Mady Mesplé dans le rôle de Lakmé nous redonnent à l'opéra comique le goût de ces romances au tonalités de fleurs orientales et de péchés tendres et dangereux.
L'histoire que les librettistes Edemond Gondinet et Philippe Gilles nous retracent pour la musique de Léo Delibes tient en peu de phrases.
Lakmé jeune fille vierge est prêtresse dédiée à Brama.par destination tout amour lui est interdit et surtout aucune relation avec un étranger ne peut exister.Dans l'Inde des ânesse 1900 cela signifie que toute tentative de séduction sera punie de mort.
Gérald jeune officier anglais déjà fiancé à Ellen. tombe cependant éperdument amoureux de Lakmé dès la première apparition .
Nilakantha père de la jeune fille,qui ne peut supporter l'idée même de leur rencontre,se refuse à imaginer leur amour réciproque comme possible et pur. Il déclenche en lui une colère vengeresse arquée sur des principes religieux intransigeants et intégristes qui le conduisent au meurtre.Gérald est poignardé sans autre forme de procès!
Cependant Lakmé qui connaît le secret des plantes parvient à sauver Gérald de la mort en guérissant sa blessure .
Tout pourrait se terminer sous les meilleures auspices et le couple qui se cache pourrait attendre une issue plus tolérante.Mais l'ami de Gérald ,Frédérick après avoir découvert la cachette des amants convaint Gérald de revenir parmi les siens tenir son rang d'officier. Lakmé,au désespoir se sentant,trahie donne à Gérald une boisson qui le protège de la colère de Nilacantha et respire un fleur de Datura qui met fin à ses jours.
Nous sommes au cœur d'une tragédie et les motifs en sont issu du refus de reconnaître les différences entre gens de cultures et de cultes différents.Pour Nilankantha l'Anglais est un envahisseur doublé d'un homme impur .Mais c'est aussi celui qui vole sa fille et l'a chassé de sa pagode.Que l'un d'entre eux soit à sa portée:il doit mourir.
Parsemé d'airs connus et aisément mémorisables faciles à intégrer dans le conscient colletif,, voici une oeuvre qui reprenait vigueur sur la scène transformée et agrandie de l'opéra de Montpellier.Une distribution de jeunes espoirs avec une mise en scène dépouillée et minimaliste de Vincent Huguet!
Traité de "chose pour sentimental demeuré et de pacotille"cette histoire qui doit ses prémisses à la nouvelle de Pierre Loti: Rarabu ou le Mariage puis à Théodore Pavie pour ses récits de voyage [1] , nous parvient sous un éclairage morne qui se veut rénové!
Les décors ne laissant paraître que l'horizon bleu et changeant à la nuit et les pans de tissus de soie aux couleurs chatoyantes qui figurent ce peuple marginalisé par la colonisation dans son propre pays,n'ayant plus accès à rien d'autre qu'aux rives des fleuves ,de la mer et au cœur des forêts .
Et à bien y réfléchir,il en est ainsi peut être? Mais en Afrique! Ent non pas dans les années de présence britanique.À cela près que cela ne colle pas avec les récits de voyages nombreux de part et d'autres des continents. Et que ,l'on ne saisi pas très bien l'attitude des Indous qui se trouvent sur scène ,sinon qu'ils seraient un peuple batailleur et brouillon.
D'autre parts,l'absence totale de fleurs et d'autels de culte gène profondément car le rôle éminent et incontournable de prêtresse que tient Lakmé se trouve rejeté sur les marges de l'argument. Cette attitude montre une absence totale de préoccupation pédagogique envers le spectateur et surtout une négligence à s'instruire de la part de ce metteur en scène peu intéressant.
Lakméfait partie de la vogue de l'orientalisme français qui nous a donné de belles pages et qui doit se distinguer du théâtre d'Avant garde de tous les temps y compris celui d'aujourd'hui.
Par bonheur et c'est bien l'essentiel la direction musicale de Robert Tuohy a enthousiasmé le public et la critique.Clarté et sens de la mélodie,équilibre parfait des puptres accompagnement attentionné et vigilant des chanteurs,voici un assistant à la direction d'orchestre qui franchit définitivement la barre de l'excellence.Depuis 2009, en effet, il a prouvé sur un vaste choix dans le répertoire comme dans le contemporain sa capacité à enrôler les énergies,canaliser les talents et donner à l'orchestre une unité et une onctuosité parfaites.
J'attendais la soprano française Sabine Devieilhe avec une confiance nuancée,car son expérience professionnelle me semble étroite .Elle possède de sérieux atouts sur le plan musical ayant suivi des études de violoncelle et de musicologie.Su le plan vocal et physique les éléments y sont.La voix naturelle est d'une bonne longueur ,bien que moins large que nécessaire pour une vraie colorature .Mais elle manque de travail et de tenue de souffle.Encore une voix qui vient de répertoire baroque et qui ne s'en défera pas facilement.Elle est jeune,très jolie mais ne possède aucune technique de vocalisation réelle et sa prononciation par moment est peu claire.Tout va bien au début ,on arrondi au maximum ce qui donne une prosodie d'une certaine blancheur non dénuée d'intérêt mais n'affirme pas un timbre de caractère qui reste à trouver. Jusqu'à l'air des “Clochettes“! À la première montée elle a cassé une note en cours d'ascension ,un peu plus loin la justesse fit défaut.Sur le plan physique elle ne décale pas des jeunes filles d'aujourd'hui...Mais le metteur en scène n'au rien fit pour lui faire comprendre les nuances qu'il faut apporter à un tel rôle et elle se trouve incapable de personnaliser cette prise de rôle.
On l'applaudit! Normal pour le public.Mais quant à faire une carrière à une certaine hauteur?Attendons et voyons.
En revanche le ténor canadien Frédéric Antoun s' est parfaitement conduit avec la, partition de Gérald.Le potentiel s'avère attrayant et sérieusement bien développé en harmonie avec une technique bien assimilée!Le souffle,la gaine vocale,les aigus clairs et solides et un timbre chatoyant qui ne pourra que se personnaliser dans l'avenir.Formé au Curtis Institute of Music de Philhadelphie il possède de l'expérience des rôles qu'il a déjà embrassés.Si ce jeune ténor pouvait écouter l' un des enregistrements d'Alain Vanzo il en retirerait certainement ce qui lui manque de couleur et d'harmonie dans sa pronociation de notre langue.
Marc Barrard ,toujours lyrique et raffiné campe un Nilakantha vocalement parfait de caractère .Il sait passer de la violence butée à la tendresse bourrue en conservant, comme à son habitude musicalité et efficacité dramatique.
Les choeurs de l'opéra de Montpellier toujours harmonieux sur le plan des registres, bien conduits et musicalement remarquables ont apporté un concours essentiel tant sur le plan scénique que dramatique.
On pourrait aimer Marie Karall en Malika si elle n'envoyait pas son chant au dessus de l'orchestre sans se soucier des indications de la partition.Alors cela donne:une fois juste et une fois de travers.
Quoi qu'il en soit la venue sur scène de Lakmé a été très bien accueilli par le public.Montpellier en ayant à coeur de parcourir un très large répertoire en faisant le pari d'une distribution orientée vers les jeunes talents a bien réussi son pari.Que certains artistes ne soient pas parfaits est accessoire,l'essentiel est de retrouver les oeuvres que nous aimons...le reste viendra après.
Représentation du 30 octobre
Amalthée
Cet article est réalisé pour Le Commercial du Gard.Visible sur neworkvisio.com et www.amalthee-ecrivain.info
Je remercie la Boîte à Musique à Montpellier pour son aide .Vous y trouverez des enregistrement de l'oeuvre en Disques CD