Revenir  vers Chopin

Moins d’une année après son remarquable enregistrement des Balades et Scherzi pour le même Label Mirare, voici 24 Préludes de l’Opus 28 et la Berceuse Opus 57 accompagnés par la Barcarolle Opus 60.

Dédiés à Camille Pleyel (facteur de Piano, Compositeur et fondateur de la salle éponyme à Paris) et au pianiste et professeur virtuose Joseph Christoph Kötzler ou Kessler qui fit les beaux soirs pianistiques de Varsovie alors que Chopin y naissait à la musique et à sa future existence de compositeur et virtuose.

Kessler était à Varsovie dès 1829. Il avait composé 24 Études, Opus 20 qui comme celles de Hummel parues en 1815 ont marqué l’imagination de Frederik Chopin .

Il commence la composition en 1835 et l’ achève au cours de l’hiver 1839 à la Chartreuse de Valldemossa à Majorque en ce fameux hiver passé en compagnie de l’auteure George Sand qui, elle ,en reviendra à Paris avec son Hiver à Majorque.

Dès leur parution les Préludes obtiennent un vif succès, ils seront par la suite l’objet d’un engouement soutenu  de nombre de pianistes de concert, de compositeurs lui vouant des Variations et du public en général.

L’originalité de cette composition  en cycles de Quintes réside dans l’alternance régulière du mode Majeur au mode mineur suivi de sa relative mineure.

Les durées varient de moins d’une minute (0,33 ) pour l’Allegro du 14ème  à 5,43 minutes pour le Sostenuto Raindrop du 15ème .

Et sans aucun doute ce qui frappe et charme l’auditeur dès la première écoute, vient de son merveilleux climat poétique changeant de rythme, de discours, d’affect et d’invitation à la rêverie, à la joie ou à la nostalgie. Sans que l’on sache vraiment à quel instant du parcours l’on se trouve. Il se plaît dans cette suite d’images sonores toutes parentes et liées d’une variété vibrante et d’une richesse d’impressions et d’expressions volubiles, secrètes, miroitantes. Chacun y puise selon son état sentimental de l’instant. On passe du feu à la modération, sensiblement ou insensiblement comme l’on peut, à la manière ,au pas d’un de ces sentiers plutôt aisés à cheminer de l’île de Majorque . On y entrevoit la mer par instants, puis les villages et puis encore la mer. Et l’on sent que l’espace d’ouvre et libère le temps et l’espace dont l’on a rêvé pour soi.

Abdel Rahman El Bacha avait enregistré –dans l’ordre chronologique de composition-pour Forlane, l’intégralité des œuvres de Chopin, dans les années 90 à 2001. Il  en a donné des suites de récitals en cinq /six journées  en différentes villes.

Les 24 Préludes de l’opus 28 en firent partie.

Vingt ans plus tard après avoir donné l’intégrale des Sonates de Beethoven et nous avoir invité à l’écouter dans tant d’autres compositeurs pour lesquels il excelle, nous voici à nouveau avec Chopin. On retrouve la même  et profonde inspiration , le même jeu souple et virtuose qui n’accentue jamais outre l’élégance souveraine et le charme prenant des paysages intérieurs dont   Chopin nous invite à prendre la direction avec la délicatesse et l’attention d’un ami profondément aimant.

Il y a dans cette interprétation la liberté partagée de l’évocation, la prégnance d’un avenir incertain, et déjà par instant l’annonce de la fin des jours heureux.

Chopin composa quelques deux années plus tard la Fantaisie opus 49 où le soliste peut donner libre cours à son imagination. Dédiée à la Princesse Catherine de Souzzo, elle fait penser comme les pièces qui suivent à l’art de la variation qui permet à l’ instrumentistes de nous faire partager son Jardin secret. Changement de climat ou de temps voire inventions discrètes.

Pour cela El Bacha  nous invite pour couronner ce récital, à la Berceuse opus  57  ter à la Barcarolle Opus 60.

Voici un moment de profonde beauté . Reconnaître des pièces qui malgré leur aspect extérieur semblent lointaines les unes des autres et qui, pourtant, nous laissent baigner dans une même atmosphère. Celle qui sans doute tient à Nohant et à George Sand, à sa forte personnalité et à sa formidable capacité à laisser une grande et vaste liberté à l’être aimé pour qu’il accomplisse son  œuvre et malgré tout vive…Et puis une fenêtre immense s’ouvre encore plus vaste ! Majorque en hiver, le piano Pleyel qui tarde et l’humidité et tout de même du soleil ! Plus qu’à Paris. Il y a le rire des enfants et l’amour que l’on partage encore. Pour Chopin le bonheur est tout de même proche…du moins pas trop loin. Le bonheur de composer, lui, est bien présent. Et c’est l’essentiel préservé à l’infini.

Passer de la fièvre à la sérénité en empruntant des passages obligés, connus qui cependant se révèlent comme sorti de l’écritoire à l’instant.  Souvent comme une chanson oubliée qui revient et nous charme encore comme au premier jour et nous tire les larmes d’un bonheur que l’on croyait perdu.

Partager l’impondérable du “romantisme“ pur et mystérieux de Chopin.

Un merveilleux enregistrement.

Amalthée

Chez Mirare

Abdel Rahman El Bacha

Préludes, Fantaisie, Berceuse, Barcarolle

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Hélène Cadouin
dite "AMALTHÉE"

Tel. 07 88 21 15 46

Mail. contact@amalthee-ecrivain.info

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