De Giuseppe Verdi

C’est avec cette page superbe où  Amadi Lagha, triomphe que le Capitole de Toulouse rouvrait ses portes aux spectateurs émus et profondément heureux.

 

La Forza del Destino de Giuseppe  Verdi fut une commande du tsar de Russie Alexandre II , sur un livret de Francesco Maria Piave  à l’initiative du Ténor Enrico Tamberlick, d’après le mélodrame  de Angel de Saavedra :Alvaro o la Forza del destino. .

Verdi composa la partition entre juin et novembre 1861.
Il arrive  à Saint Petersbourg au théâtre impérial, aujourd’hui Le théâtre Marinski, pour les répétitions en décembre. La maladie de la soprano prévue pour le rôle de Leonora faillit rompre les accords passés avec le compositeur. Mais par chance la création est reportée à la Saison suivante et le rideau se lève le 10 novembre 1862  salué par un triomphe.

Puis l’œuvre commence  un tour d’Europe avec un immense succès. Elle est crée à Rome en Février 1863.

 La mort du librettiste Piave incite Verdi à remanier l’œuvre . Il y ajoute une symphonie d’ouverture qui deviendra un morceau d’anthologie pour tous les chefs d’orchestre depuis  sa création (Deuxième version de la pièce) à la Scala de Milan, le  27 février 1869.

Argument

Les deux amants Leonora fille du Marquis de Calatrava  et Don Alvaro ont décidé de s’enfuir car le père de Leonora refuse sa main au prétexte que Don Alvaro, bien que gentilhomme, est de descendance indienne.

Au moment de s’enfuir ils sont surpris par le Marquis qui ordonne à ses serviteurs d’arrêter le jeune homme. Voulant innocenter celle qu’il aime Don Alvaro jette son arme à terre. Le coup part tout seul et le Marquis est tué. Il meurt en maudissant sa fille et Don Alavaro.

Leonora et Don Alvaro quittent le château mais  sont séparés dans leur fuite. Plusieurs mois après Don Carlo le frère de Leonora, retrouve la trace de sa sœur. Leonora déguisée en jeune homme se dissimule parmi les pèlerins de l’auberge où est entré son frère. Et c’est ainsi qu’elle apprend que  celui qu’elle aime est vivant.

Leonora parvient au monastère de la Vierge des Anges à Hornachuelos. Elle y est accueillie comme ermite.

Mais la guerre dans laquelle se trouve plongés les espagnols va distribuer les cartes du destin . Bien que Don Alvaro sauve la vie de Don Carlo ce dernier le poursuit tout de même pour le tuer et venger la mort du Marquis.

Et les amants se rejoindront seulement dans la mort.

La représentation de Toulouse

La mise en scène de Nicolas Joël des années 90 n’a pas été possible bien que prévue. En effet le nombre de personnages des Chœurs atteint la soixantaine . Et les mesure sanitaires en vigueur ne pouvaient être respectées.

Ce fut donc en version de concert pour l’intégralité de la partition les deux dimanches, et,  en version abrégée avec des soirées débutant à 18H30 pour les jours de semaine, que l’opéra fut donné.

À la tête de l’Orchestre National du Capitole , l’italien , Paolo Arrivabeni s’est montré à hauteur de l’événement. Une succession de pages lyriques enlevées dans l’enthousiasme et la passion de l’œuvre qui est l’une des plus tragique et brillante du compositeur.

En Leonora la jeune étoile des soirées Verdi des concerts donnés au Théâtre des Champs Élysées et que l’on peut voir , écouter et réentendre, sur son[1] site , la jeune Soprano, Catherine Hunold . La voix est éclatante et d’un ambitus exceptionnel. Le legato assuré et tenu à merveille. Elle passe l’orchestre avec un panache exceptionnel, campe parfaitement , cette jeune fille de 20 ans égarée par un amour virginal ardent . Son expression nuancée très flambante, respecte la musicalité héroïque du rôle. Ses douleurs sont parfois un peu trop criées…mais qu’importe la passion et la véracité y sont.

La véritable découverte de ces représentations vient de la présence éclatante d’Amadi Lagha, jeune  chanteur originaire de Tunisie et déjà célébré en Italie , qui emporte le rôle de fort ténor de Don Alvaro comme s’il montait un cheval de course. Maîtrise des aigus très contrôlée, timbre reconnaissable et agréable, montée à la quinte absolument parfaite. Il est musical et doté de moyens vocaux somptueux. Un nom à retenir. On peut l’entendre sur le Web  et ainsi constater ses qualités, dans le rôle de Calaf personnage de Turandot de Puccini.  

Saluons Roberto Scanduzzi, qui revient à Toulouse en Marquis de Calatrava et Padre Guardiano. La voix  toujours aussi belle et le chant aussi parfait. Basse  chantante qui depuis trente ans [2]a embrassé  un  immense répertoire, donnant le plus juste pouvoir de son talent à chacun de ses rôles dont il pénètre les caractères avec intelligence et sagacité.  Capable le même soir de passer avec un talent vocal et musical incomparable d’un personnage odieux et vindicatif à un moine humain , philosophe accueillant Dieu et la vie en toute humilité et qui apaise de sa sereine bonté quelques minutes de ce sombre drame. 

En Don Carlos de Vargas, Gesim Myshketa qui rempli son rôle très âpre avec un droiture et une justesse vocale remarquable.

Nous faisons connaissance avec Raehann Bryce-Davis qui, avec une fervente et joyeuse voix agréable, souple et timbrée de fleur nous a donné une ravissante et jubilante Preziosila. La mise en scène lui a manqué comme à nous.

Le reste de la distribution est à la hauteur de ce pari très difficile . Chanter et interprèter   une telle  œuvre qui comporte des scènes de foule et de mouvements incessants, sans mise en scène  et sans possibilité de véritablement construire un Jeu exige de ces artistes une concentration et une énergie très dense.

Car les interprètes  se trouvent juste au dessus de la fosse d’orchestre , il n’ont aucun recul ni gestes à leur disposition pour asseoir leur prestation et la projection des voix s’en trouve considérablement changée, parfois surexposée tantôt décalée.

Applaudissons donc doublement cette réalisation qui nous a redonné le bonheur de partager en direct cette œuvre toujours surprenante et conquérante.

Amalthée

 

 



[1] Celui de opéra base également

[2] Pour moi Mai Musical Florentin 1991, les Nozze di Figaro de Mozart sous la direction de Zubin Metha. Et ensuite ,Le Festival de Pesaro etc.

Connexion

Les livres

Hélène Cadouin
dite "AMALTHÉE"

Tel. 07 88 21 15 46

Mail. contact@amalthee-ecrivain.info

Aller au haut