Parsifal 2/2

Ultime accomplissement de l’œuvre de Richard Wagner

 Au pupitre de cette interprétation , la Dame et chef d’orchestre d’origine australienne Simone Young.

Une dame au pupitre ! Oui enfin , elles sont désormais sous les projecteurs et estimées du public comme des musiciens . Simone Young  célèbre dès sa jeunesse d’enfant violoniste virtuose  fut à la tête de l’opéra de Hambourg (Allemagne) au cours des année 2005 à 2015, après avoir été en place à Bergen et Sydney. Sa présence à la direction du Ring[1] tant à Vienne qu’à Berlin comme chef invitée  augurait une interprétation de caractère de ce Parsifal d’exception.

 

L’orchestre de l’opéra de Zurich fut amené à son point d’excellence de timbres solistes à tous les pupitres, tandis que les cordes se révélèrent d’une onctuosité et d’une intensité parfaites. Superbe interprétation ,homogène et généreuse que le public a salué debout.

Trois heures quarante pours le premier acte. Une direction active, abondante, serrée sur son sujet. D’une prégnance absolue sur l’auditeur.

Simone Young avance et créé les climats comme les différentes marches de l’action avec  les pauses, les récits et prières en les agrégeant délicatement,mais en puissance les uns avec les autres. Et cela sans hâte, bien que son temps soit  rapide. Tout s’inscrit à la fois dans l’intensité  poignante des situations du passé alternant avec les faits se déroulant sous nos yeux. La musique demeure omniprésente, nous tenant puissamment rivés à elle et  nous interrogeant, nous auditeurs. Et ces cent minutes malgré tous les paysages et les sentiments et actes évoqués, du passé au présent  sont vocaux et musicaux, intensément. Donnant l’impression de jamais devoir s’achever.

Rarement  la montée de Parsifal au Monsalvat avec ses effets de cloches géantes semblant venir de l’au delà n’aura eu autant d’effets magiques. De même “l’enchantement du Vendredi saint“   nous est parvenu de très loin et repartir vers l’infini. Simon Young, inspirée et lucide, a porté ce drame sacré avec toute la sensibilité, l’énergie, le caractère,  la  grâce souveraine et l’amour d’une œuvre transcendante, sans pathos surajouté. Elle lui a donné l’expression de son mystère et son esprit de renouveau permanent qui est l’apanage des œuvres de Wagner. Cette dame nous a bouleversé de tant de beautés réunies sous sa coupe, qu’elle signe avec ce  Parsifal , sans doute une  page essentielle de sa superbe carrière.

La mise en scène  de Claus Guth et les décors et costumes de Christian Schmidt en collaboration avec Aglajat Nicolet plante un lieu unique. Un immense bâtisse d’une couleur blanc cassé dont l’architecture, sorte de castel sicilien baroque tardif, permet des changements à vu de pièces et de jardins.

Les chanteurs acteurs évoluent  aisance et  naturel dans  un rapport de la scène à la fosse dynamique et cohérent.

La distribution de premier ordre nous offrait, magique et superbe tentatrice et servante, la  Kundry  de Nina Stemm[2]. Voix nuancée, irradiante, capable de tension et de passion illimitées comme  de douceurs glissées sur la musique en caresses.  Dotée d’une quinte aigue semblant  aller  illimitée elle a donné une magnifique interprétation tant par la prononciation que l’élaboration d’une prosodie impeccable soutenue par une musicalité vocale innée. 

Face à cette Kundry exceptionnelle le Parsifal de Stefan  Vinke  est d’un

caractère trempé . Capable des nuances pointues de ce rôle et  plus détendu qu’à Bayreuth cet été[3], il établit avec intelligence  le dédoublement, l’évolution de son héros, ses épreuves initiatiques  sans aucune difficulté. Le timbre jeune, la ligne gainée, solide et claire, la prosodie et le phrasé expressifs et élégants, sont du Tenor héroïque allemand parfait. La diction est tenue neutre au début de l’acte un, progressant sur le parcours, accomplissant  la métamorphose du Reine Torr   en Parsifal ; celui qui prend possession du royaume. Stefan Vinke signe ici une interprétation maîtrisée tant sur le plan vocal, musical et scénique.

Le Gurnemanz, rôle très prenant et de longue présence, de Christof Fischesser, nous a impressionné par sa présence, son empathie et une diction énergique et nuancée. Il s’implique  avec un dynamisme et un à propos souverains dans son récit et ses interventions. Le timbre de basse, l’expression musicale idéale et chaleureuse donne tout son relief à ce rôle clé du drame. Gurnemanz porte le “dire“ des chevaliers, il doit accueillir, instruire l’éventuel être providentiel capable de rédimer la faute d’Amfortas.   Christof Fischesser en a créé un véritable modèle par une interprétation moderne et efficace.

Excellent Klingsor de Whenwei Zhang. Originaire de Chine, ayant acquis une somme de connaissances de la culture européenne considérable, il campe ce personnage violent et douloureux à merveille. La voix stable, expressive convient parfaitement à ce genre de rôle très tourmenté.

Lauri Vassar, baryton -basse, artiste de grand talent. Une  connaissance que nous aimons toujours entendre et revoir, donne d’Amfortas l’image, personnalisée, réaliste du désespoir et de l’abandon irrémédiable. Musicalement et vocalement impeccable.

 Titurel[4] rôle très court,  interprété de façon remarquable  par Pavel Daniluk  complète une distribution de rêve.  

 



[1] Les quatre Or du Rhin, Walkyrie, Siegfried et Crépuscule des Dieux de Richard Wagner

[2]  Soprano dramatique au mezzo très étoffé. L’une des grandes sopranos de notre époque.

[3] Voir les articles sur le Ring ‘septembre 2017)

[4] Père d’Amfortas

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Hélène Cadouin
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