Capitole de Toulouse

Don Pasquale de Donizetti

 

Ce Dramma buffo fut créé au Théâtre des Italiens à Paris en Janvier 1843.

Le librettiste Michele Accorsi s’inspira de l’École des femmes de Molière et du Barbier de Séville de Beaumarchais.

Cependant il ne faut pas confondre Dramma Buffo et opéra buffa.Ici la farce est mesurée aux nécessités objective : Ernesto et Norina souhaitent se marier dans des conditions valables sans rupture avec l’esprit du temps. Et l’on ne cherche nullement à tourner en ridicule tel ou tel personnage, nous sommes dans une société de gens  dénués de complexe et peu soucieux de se détourner d’une existence  pondérée et facile.

 

Don Pasquale, un célibataire à cheveux gris se met en tête de convoler avec une jeunesse, pour embellir  ses vieux jours tout proches. Ernesto, son neveu et seul héritier, échange avec une jeune veuve Norina au tempérament franc et vigoureux, des épanchements amoureux passionnés. Le Docteur Malatesta, homme avantageux aux ressources intelligentes et futées a l’oreille et la confiance du barbon, comme il cultive une claire amitié avec les deux amoureux.

Don Pasquale n’a de cesse de morigéner son neveu pour ses amours avec Norina .Il ne l’a jamais vue mais il se dit prêt à le déshérite si fit mine d l’épouser.

Malatesta, fortement sollicité par Don Pasquale  pour trouver une candidate à ses projets matrimoniaux, s’invente une sœur prénommée Sofronia décrite sous l’angle le plus vertueux de la modestie, n’ôtant rien à  des charmes physiques éclatants.

La  fiancée est présentée, le célibataire tombe dans le panneau et la dame se révèle une chipie doublée d’une insolente dépensière snobinarde et prétentieuse. Bref la maison si  ordonnée et tranquille du géronte prend l’allure d’une boîte de nuit  capharnaüm. Et Don Pasquale se voit  crouler sous  de ruineuses factures.

Quelle misère et quel regret ! Mon Dieu que faire ? Comment se défaire d’une telle mégère, si jolie qu’elle soit ?

Tout est bien qui finit bien. Sofronia redevient Norina dans les bras d’Ernesto   rassuré .Car Don Pasquale comprenant que l’heure des fantaisies  matrimoniales est passée, dote son neveu et sa future nièce qui lui offrirons toute leur tendresse filiale comme baume de ses vieux jours.

 Sans conteste la période  des années soixante, choisie par le metteur en scène S.Roche s’accorde avec beaucoup d’intérêt à la pièce. Le mariage de convention vit ses derniers jours et les femmes sont sur le bon chemin de trouver leur envol[1] et indépendance[2].La nostalgie du Scooter, la Vespa ou Lambretta  et des premiers bolides Ferrari s’étire avec bonheur, comme une  allure de rues à la Fellini.

Le portrait de la Mama de Don Pasquale se suspend ici ou la pour rappeler la tradition de la femme à la Maison ! Un ameublement à cretonnes et meubles cirés accouplés à des colonnades se voit doté de statues psychédéliques affichant les couleurs affolantes des premiers ustensiles  en plastique.

Une direction d’acteurs efficace et rapide conduit à ne jamais perdre le fil de cette mystification  d’une espièglerie aimable.

En Don Pasquale le remarquable Roberto Scanduzzi  dont la carrure vocale de basse chantante se régale d’une partition que parfois l’on attribue à des chanteurs plus vieillissants. Ce serait ne pas attendre ce célibataire qui sent dans ses veines couler  un sang vigoureux et doit assurer non seulement des passages lyriques d’une portée noble mais également en fin de partie de remarquables jeu de virtuosités syllabiques en concurrence avec Malatesta.La volupté et l’assurance de Roberto Scanduzzi qui  sent ce rôle comme un rare moment de joie vocale nous ont permis d’entendre avec délices un barbon parfois consterné et chagrine mais admirable d’humour et de patience qui vit bien chaque instant de vie.

La découverte de la production est celle du Ténor Juan Francisco Gatel que j’avais remarqué et admiré à Salzbourg en 2010[3] dans le Retour de Don Calandrino de Cimarosa, à Salzbourg.Ce jeune argentin[4]possède de rares qualité de timbre, chaleur, luminosité et souplesse et une technique vocale et musicale à l’italienne .Il vit en Toscane depuis la fin de son adolescente, marié à une soprano ce passionné de sport donne l’impression de chanter avec intelligence et bonheur. Son phrasé comme son legato sont l’aisance et le naturel même et le rôle d’Ernesto  lui convient parfaitement avec ses envolées presque bel cantiste et son aspect parfois éthéré. Il a le physique du jeune premier de cinéma des années choisies par la mise en scène.

Le personnage de Malatesta peut sembler secondaire ! Or l’écriture de Donizetti a  de remarquable de faire passer les virtuosité et ornements les plus sophistiqués pour des effets de la nature. Dario Solari [5] campe un Malatesta d’une élégance et d’une pertinence impeccables. Sa remarquable voix de baryton élancée et parfaitement placée  avait déjà attitré à lui des éloges unanimes pour sa prestation dans Marcello de la Bohème en 2010.

Avec Malatesta  dans  l’élément mi farce mi sentencieux, il excelle avec, des intonations raffinées, des sous entendus malins, et des virtuosités  habiles et d’un charme tantôt discret tantôt appuyé.

On demeure plus partagés pour la Norina de Jenifer Black. L’amplitude de l’ambitus et sa largeur comme son legato ne sont pas en cause. Mais le timbre et la projection sont difficiles par excès de volume et de richesse de timbre pour ce rôle de soprano léger .Pour une aussi solide voix cela   amène cette superbe jeune femme à donner l’impression qu’elle crie.

Cependant elle a obtenu un succès amplement mérité en attendant qu’elle nous régale une prochaine fois dans un rôle chez Strauss ou même un Wagner de la première période.

Voici une soirée réussie et un Don Pasquale mémorable
Amalthée



[1] Le droit de vote est de 1946 et les  femmes diplômées occupent déjà de la place

[2] Une de mes parente un peu plus âgée que moi s’était esclaffée alors que déjà Professeur de français, titulaire de son compte en banque, il lui fallut faire rédiger un Contrat de mariage pour garder la haute vue et la possession en propre de la gestion de ses affaires.

[3] Festival de Pentecôte

[4] L’argentine nous apporte beaucoup de belles rencontres cette année, notre Pape Francesco, une reine de Hollande etc.

[5] N é En Uruguay

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Hélène Cadouin
dite "AMALTHÉE"

Tel. 07 88 21 15 46

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