Eva Zaïcik et le Consort
Un régal de mélomane .
Voici un enregistrement propre à nous sortir de la grisaille du moment.
La pureté du style des interprètes, leur fidélité aux œuvres, leur franchise d ‘expression , tout est réussi. Une conception vivante, naturelle et lumineuse pour ce “défilé“ d’airs où les embûches sont surmontées avec le sourire.
Eva Zaïcik montre une imagination fertile, attentive au charme de ces personnages haut en couleurs. Elle joue avec les nuances et les écarts, en retrouve avec une aisance parfaite, le caractère, le charme, les subtilités et surtout l’atmosphère . Elle donne à ces œuvres puisées au sein de cet immense répertoire, une grâce contemporaine qui nous les fait entendre comme écrites au moment de les découvrir aujourd’hui en les écoutant.
Le Consort , un enemble d’instrumentistes et elle-même, sont des artistes réunis pour ce genre de concert. Ils dominent leur savoir, leur expérience et expriment le meilleur de leur talent avec enthousiasme et ferveur . On les suit et les entend , émerveillés de tant de capacité à produire la diversité de tant de changements en si peu de temps. D’un air à l’autre les sentiments et les affects sont si variés, les situations souvent contraires.
Des airs souvent peu connus, et même hors de l’écoute habituelle,- on ne monte pas souvent les opéras de Haendel sur scène-.
Même avec tout de même un parcours déjà fourni, cette jeune et talentueuse Eva Zaïcik , demeure à nos yeux comme une découverte ! Cantatrice de charme, dont la voix iradie, gainée et souple, elle atteint les sommets sans effort apparent, captive l’attention et la retient avec force et douceur. On ne se demande pas s’il s’agit d’une soprano fille ou garçon ! Elle incarne ces Rois avec un goût parfait de la métamorphose. Avec authenticité , tempérament , déployant son savoir avec l’ énergie du vent venant du large. Elle incarne ! Elle aime, elle se souvient, elle sait, elle s’encolère et elle veut aimer à nouveau, elle vitupère ! Et elle cède à ses sens ou à ses sentiments ! Tantôt coruscante, tantôt réfléchie . Époustouflante toujours !
Rien n’est gratuit en elle. Par de vitrine virtuose pour l’effet. Sa personnalité effacée derrière ses personnages, elle se révèle riche d’expressions diverses à l’infini. Elle maîtrise sa sublime voix colorée sans excès et atteint à l’expression la plus subtile, celle que nos âmes, notre cœur et notre esprit attendent.
Et dans ces œuvres ! Que d’originalités et de renouveau . Cet suite d’extraits, -toujours si difficiles à agencer- d’habitude, s’enchaîne à merveille. Tout sonne, résonne ,coule d’une source musicale et théâtrale impondérable, incomparable et puissante qui emporte l’attention vers le rêve et l’oubli de l’instant.
Grace à Eva Zaïcic et à ses complices du Consort, les multiples facettes du talent de
“L’homme de théâtre “ Haendel, souvent gravé dans nos mémoire comme incontournable compositeur du Messie, apparaît compositeur d’opéras ,universel et intemporel .
Ces artistes ont enregistré ce concert en se tenant à la distance de sureté sanitaire.
Nous découvrons ce qui, en peu d’années, permit à G.F.Haendel de devenir le plus anglais des compositeurs européens.
Il nous faut souffler sur la poussière des ans ! Et retrouver la magnifique ambiance dans laquelle l’opéra “anglais“ s’invita à la grande scène du monde en étant parfaitement original, même chanté en italien comme il en était d’usage à cette époque.
Haendel débarque à Londres en 1719 après avoir séjourné en Italie, à Rome principalement . Il doit y implanter une musique moderne, universelle qui plaise surtout à la Cour et au roi. Et qui, en fin de comptes, plaira à ceux qui viendront l’écouter par delà le temps.
La Royal Academy of Music donne naissance au King’s Theatre et Haendel en fera un “autre“ théâtre italien, car la seule langue que l’on doive “utiliser pour l’opéra“ de Berlin à Rome en passant par Vienne est l’Italien. Donc à Londres on chante en Italien sous la houlette de George Frederik Haendel originaire d’ Allemagne .
Il ne demeure pas tout à fait seul pour accomplir cette évolution salutaire et faire sortir l’Angleterre des “comédies avec musique“ héritées des siècles précédents et des “Masques“.
Il collabore avec Attilio Ariosti Né en 1666, ayant étudié le violon, l’orgue et la composition qui devint joueur de viole d’amour, organiste, claveciniste vite engagé par la Cour de Mantoue. Puis organiste à S.Maria dei Servi à Bologne sa ville natale. Il était aussi moine et même diacre . Compositeur il est invité à travailler à la Cour de Berlin par l’Électrice Sophie-Charlotte . Il compose des opéras et des oratorios. Sa réputation lui vaut ensuite de servir l’Empereur du SE [1]Joseph 1er ,ce qui ne l’empêche pas de se rendre à Londres et à Paris où il remporte de beaux succès. Haendel le trouve à Londres en arrivant et collabore avec lui à la direction de la Royal Académie . Ils travaillent à des Cantates Nous entendons de lui une de ses Arias en première mondiale.
De Haendel, ces interprètes habitués du répertoire baroque, ont choisi de nous offrir des Airs extraits d’opéras aux titres “royaux“. D’où le titre de cet enregistrement :
Royal Haendel
Entrée de jeu : un air de Flavio re de Longobardie .opéra composé par Haendel en 1723. Une pause avec “ l’aria“ de Ariosti extrait Caio Marzio Coriolano , pour nous Coriolan le descendant d’Ancus Marcus 4° Roi de Rome . Puis on revient avec le maître !
Un air de Admetto Re di Tessaglia 1727, un Siroe Re di Persia 1728, Tolomeo Re di Egitto, puis un air de Floridante.
Un air de Giulio Cesare en Egypte . Œuvre opulente et très réussie qui date de 1721. C’est un des premiers grands succès et c’est l’opéra de Haendel qui survivra à l’époque classique avant la renaissance dite “baroque“.
Un air de Ottone Re di Germania de 1723 .Et nous retrouvons Ariosti et Caio Marzio Coriolano pour un second air.
De Giovanni Battista Bononcini. 1670-1747 nous savons qu’il débuta comme superbe violoncelliste et compositeur. Originaire de Modène, tout d’abord étudiant puis chanteur et compositeur, en même temps Maître de Chapelle à San Giovanni in Monte à Bologne. Engagé à la Cour ( Vienne SE) par Léopold 1er il compose des opéras et demeure avec son successeur Joseph 1er jusqu’en 1711. Ensuite, après avoir servi Johann Wenzel à Rome (1714-1719) , il reçoit l’invitation du Duc de Marlborough à Londres où il devient le concurrent de Haendel. Nous écoutons un très bel air extrait de son opéra Crispo datant de 1722.
Et nous terminons par deux airs de Haendel
Radamisto (1720) et Ricardo Primo Re d’Inghilterra (1724)
ROYAL HANDEL
Eva Zaïcik et le Consort Une enregistrement Alpha classics Distribution Outhere
Amalthée