Abdel Rahman El Bacha

Scherzi et Ballades

 

L’éternité est une qualité du temps et non une quantité du temps.

Le miracle de Chopin est  nous fait croire qu’il a composé   cette musique parce qu’il a deviné ce qui se passe en nous . Au fond de son âme il retrouve notre âme.

El Bacha[1]

 

Abdel Rahman el Bacha fut révélé au public  alors qu’il était un enfant. Premier concert avec orchestre à l’âge de dix ans . Il est élève de Zvart Sarkissian.

Ensuite il choisit la France et la bourse offerte pour son  talent et surtout pour qu’il le perfectionne. Le Conservatoire de Paris l’accueille et  encore  jeune homme, reçoit quatre premiers prix à sa sortie(Piano, contrepoint, harmonie et musique de chambre).

Ce fut  alors le Concours Reine Élisabeth de Belgique et à l’hunanimité  le Premier Prix qui le propulse vers une carrière toute en réussites choisies. Il a été invité partout du Mozarteum de Salzbourg à la Philharmonie de Berlin et surtout au Japon avec le NHK.

Il fut lors des premières éditions de La Folle Journée de Nantes l’un des plus fidèles invités. Je me souviens en particulier de sa participation éblouissante à la Folle Journée Russe et à son interprétation de Rachmaninov.

À l’horizon des années 2000, à la maturité de son âge, il se lance dans un projet unique pour l’époque avec les Disque Forlane, l’Intégrale de l’œuvre pour piano de F.Chopin y compris les deux Concertos et les chants pour soprano.

Plus impressionnant encore et sur cinq à six jours il joue en récitals successifs cette Œuvre intégrale  pour piano seul dans l’ordre chronologique de composition à La Roque d’Anthéron, au Japon et à Avignon etc. Un défi et une belle page de sa carrière à la fois sereine et  intense.

Voici donc vingt années après , à nouveau ,un enregistrement qui remet l’artiste dans ses pas et ses pensées. Il demeure le virtuose apolinien se son défi d’autrefois, cependant qu’il nous conduit un peu plus loin dans la pureté  de son jeu solaire, puissamment pénétrant.

Les Scherzi au nombre de quatre comme les Ballades, sont voisins dans leur chronologie.Années 1831 à 1847.

Le premier scherzo fut commencé à Vienne, terminé à pris vers 1834 et l’éditeur le nomme Baquet infernal ! Chopin n’est pas d’accord . il est dédié à Thomas Albrecht alors consul de Saxe à Paris. Une légende rapporte que l’inspiration de Chopin viendrait d’une nuit d’angoisse dans la Cathédrale de Vienne( Autriche)

La première Ballade en Sol mineur voit le jour en 1831 et sera terminée en 1835 le musicien est alors à Paris et dédicace son œuvre-la ballade qu’il préfère-au baron de Stockhausen, ambassadeur de Hanovre à Paris.. Chopin y parle sous ses états d’âmes ou d’esprit  les plus évidents et avec des sauts de l’une à l’autre  de l’instant, mélancolie, tristesse, joie hésitante et joie allègre et puis inquiétude…

Dans le film Le Pianiste de Roland Polanski, elle a la grande place.   

Le deuxième Scherzo en Si bémol mineur composé en 1837 édité à Leipzig et dédié à la Comtesse de Fürstenstein. Célèbre par la marque indélébile –les Triolets- de Chopin. Reconnaissable entre toute musique. Bien dans le geste et dans la virtuosité prodigieuse du compositeur et pourtant cette pièce donne un impression déroutante de facilité.

Deuxième Ballade en fa Majeur 1838/39 entre Nohant chez George Sand et Majorque-Ils sont tous les deux-et supporte l’hiver dont George dit qu’il fut mauvais. Chopin y utilise une sorte d’allure de Sicilienne qu’il avait fait écouter à Schumann. Une tendance folklorique revue avec un zeste de style ancien . Le tout avec des contraste bien audible de la poésie à l’audace , de la douceur rêveuse à la flamme passionnelle.

Troisième Scherzo en Do dièse mineur  dédié à son élève Adolf Gutmann. Commencé à Paris et terminé à Majorque.

Rapidité et virtuosité un climat des plus vif et alerte

Troisième Ballade en La Bémol Majeur  1840/41 Paris et Nohant. Dédiée à Pauline de Noailles .Inspirée par le poème de Mickievicz son compatriote, Ondine une  histoire de déesse païenne dont un Chevalier est amoureux avec une fin heureuse pour illustrer que l’idéal est illusoire. Beaucoup de vivant et léger instant avec quelques ténèbres ça et là.

Du Chopin presque optimiste et cadencé de plaisir de vivre.

Quatrième Scherzo en Mi Majeur. 1841/42 dédié aux sœurs Caraman  Jeanne et Clothilde ses élèves . Une composition pour gens heureux avec de l’allégresse et des instants très frais.

Quatrième Ballade en Fa mineur 1842 Paris et Nohant. Pour Nathaniel de Rothschild .  Poétique. Inspirée. Virtuose et magnifiquement composée. La polyphonie est  maîtresse du jeu entre les deux thèmes l’un sombre et l’autre éveillé et calme. Reconnue comme un chef d’œuvre tant  Chopin y investit de sentiments retenus  et conjugués à la foi. Sentiment d’une âme éperdue de n’ atteindre sa plénitude qu’en son rêve éveillé qu’est sa musique.

L’interprétation d’Abdel Rahman El Bacha  nous surprend encore par l’évidence  du profond regard porté sur la période de composition. Nohant, Majorque et G.Sand . Chopin n’évoque pas sa vie sentimentale.

Abdel Rahman El bacha  réveille pour nous des rêves et des pensées endormies qui retournent dans les limbes une fois leur charme immarcescible nous ayant envahit. Ce sont d’uniques moments auxquels

il nous invite à le suivre dans son univers Et comme il le dit si bien, nous fait entendre ce que nous souhaitons de tout notre être entendre.

Le talent justement est de reprendre ces pièces qu’il a si souvent jouées en concert et en disque et de leur donner l’ apparence de découverte. De nous faire retrouver un chemin dans notre connaissance et dans notre conscience d’avoir à tendre une oreille neuve.

Dans ces Scherzi et ces Ballade nul sentiment amoureux, simplement des évocations de moments , d’instants et d’états d’âme. Solitude et regard intérieurs qui incitent à  vivre pour vivre et penser.

Chopin a aimé , aime mais l’amour se masque.

Une invitation au silence intérieur et à se dire en soi … Bien ! Je suis mon chemin et je suis conscient, consciente d’avoir et de pouvoir encore  accomplir une part de mes rêves.  

Un grand moment de vraie musique portant au delà du plaisir .

Amalthée

 

 



[1] Master classes et émissions Baalbek(Liban)

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Hélène Cadouin
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