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À propos de la main gauche et de concertos oubliés.

De Britten et Korngold

Le concerto pour la main gauche de Maurice Ravel est assez connu. Mais on ignore superbement celui de Erich Wolfgang Korngold qui en sa jeunesse était surnommé le Wunderkind.Et plus encore l’œuvre de B.Britten.

 

Le premier :Né en 1897 à Brno à l’époque Autriche Hongrie et désormais Bohème, compositeur éclectique et profondément attachant, dut sa survie glorieuse à son opéra Die Tode Stadt, d’après le roman de Rodenbach. Il avait fort bien débuté  à l’âge de douze ans, alors qu’il fut choisi pour composer une pièce en hommage à l’anniversaire de l’Empereur François Joseph.

Sa carrière aux USA fut orientée vers les partitions destinées au cinéma. Il avait quitté le sol austro allemand en 1936 en raison de la montée des évènements politiques.

Le concerto pour la main gauche date de 1923 et fut interprété par son commanditaire et le compositeur le 22 septembre 1924 à Vienne. Paul Wittgenstein  ayant perdu le bras droit à la guerre commença par Erich  Korngold dans l’ordre de ses commandes ; nous voyons  ainsi que le compositeur avait une renommée fameuse en ce qui concerne l’orchestration brillante et savante et l’à propos des thèmes donnés. Il prouvera cent fois cette capacité en devenant le plus considérable compositeur de Hollywood.

Cette pièce pour la main gauche possède la facture parfaite et le style noble comme le charme et la passion orchestrale des autres compositions. Le piano ressort en jet tels de belles apparitions pour se fondre à nouveau dans la volupté de l’Orchestre et déploie un tel feu que l’on oublie qu’une seule main le parcourt. Dix étapes ou variables coulant comme des flammes de différentes allures et couleurs. On demeure sans pouvoir réagir en retrouvant un silence qui s’installe en nous après des échos magiques.

 

Benjamin Britten se trouve à New York en 1940  lorsque Wittgenstein lui commande un concerto pour la main gauche.

Il paye en or, alors je m’exécute ! Retenons que Britten déteste New York et qu’il se sent Anglais jusqu’au bout des ongles. Il choisit un thème dans le genre “ marche des géants“ et le varie en treize modes : Récitatif.Romance.Marche.Arabesque.Chant.Nocturne.Badinerie.Burlesque.

Toccata 1.TocataII.Adagio.Tarentelle

Diversions pour main gauche et orchestre d’une facture très inspirée par les variations de Frank Bridge déjà écrites quelques années auparavant.

Tant pour Korngold que pour Britten, il est dommage que Wittgenstein ait empêché d’autres pianistes de jouer ce répertoire qu’il avait fait naître .Affaire de jalousie professionnelle ? Devenu américain  en 1946 il se consacra à partir de cette date à l’enseignement.

L’orchestration causa de sévères  tensions  entre Britten  et son commanditaire interprète. Néanmoins Wittgenstein créa l’œuvre avec l’orchestre de Philadelphie sous la direction d’Eugene Ormandy, le 16 janvier 1942.

Voici Nicolas Stavy dont la technique est irréprochable ,le toucher  raffiné et l’engagement artistique remarquable  nous enchantent, parti à la conquête de ce répertoire très exigeant dont il détaille avec soin dans le livret les particularités d’approche.

L’exécution est en tous point d’une grande allure et l’on découvre ainsi deux œuvres véritablement dignes des plus grands interprètes. Nicolas Stavy allie une générosité d’élan à une irréprochable fidélité aux différents styles des compositeurs.

Voici un disque marquant pour cet artiste qui allie fidélité et enthousiasme, qualité de son et élégance de discours.

Il est en compagnie de l’Orchestre National de Lille sous la direction du chef américain Paul Polivnick.

Parfaites mises en place des pupitres, plans sonores superbement exposées, le style d’interprétation ample et raffiné, magnificence de la  nature descriptive et virtuose de ces deux paris heureux  que sont ces œuvres très originales. Les rythmes et les échanges entre les solistes et les différents instruments de l’orchestre sont cohérents et foisonnent en dialogues. Un grand souffle emporte chacun aux extrêmes de ses capacités.

Voici un enregistrement qui tout en nous révélant deux œuvres superbes nous permet de varier les plaisirs de la virtuosité absolue. Celle qui requiert  instinct de la beauté, grâce et finesse alliées à l’esprit de fantaisie.

Voici deux pièces dans le circuit des concerts grâce à des interprètes exceptionnels. Soyons heureux car voici une interprétation parfaite

 

Concertos pour la main gauche

B.Britten et E.Korngold

Nicolas Stavy

Orchestre national de Lille

Direction Paul Polivnick

  

 

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Hélène Cadouin
dite "AMALTHÉE"

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