Anna Netrebko au sommet 

Depuis 2011 Anna Netrebko s’est produite dans ce rôle fastueux à New York et à Vienne  renouvelant à cinquante ans de distance l’éblouissement  et l’étonnement né de l’interprétation  brulante de Maria Callas à La Scala de Milan.  Aujourd’hui parvenue à l’apogée d’une  carrière sans faille, la composition d’ Anna Netrebko   de cette  Reine (Anna Bolena) trahie, immolée dans sa  passion et sa fidélité  par ce Roi d’une médiocrité absolue, atteint la perfection tant vocale que scénique. La beauté des traits, l’élégance de l’allure comme  la confondante qualité d’un timbre opulent baigné lumière, d’une intensité charnelle bouleversante donne à l’auditeur le sentiment de n’avoir jamais rien entendu de comparable ! Laissons  tout commentaires superflus, Anna Netrebko  est  une  étoile dont  la présence embellit tout ce qui les entoure, une artiste unique.

 

Elle suscite engouement et fidélité, ayant le goût de n’interpréter  que  des rôles au caractère et au tempérament en parfaite  résonnance avec elle. Elle a déclaré qu’ Anna Bolena était d’un très haut niveau, d’une difficulté absolue, bien que   parfaitement écrit. Elle a attendu l’âge de la première maturité pour s’investir à de tels rôles. Donizetti se trouve à la pointe de son génie créateur, il ne cherche plus à se démarquer  de Rossini, il entre dans le monde du “romantisme”. Donne là une preuve de la puissance dramatique de son écriture et campe un personnage de rêve pour une Cantatrice capable de le marquer de son caractère et de sa voix.

Anna Netrebko porte le dernier acte et la scène de la folie avec souffle et puissance contrôlés, une maitrise musicale et vocale idéale et un abandon à la soufrance qui la submerge comme aucune depuis Callas ! Son légato de rêve et sa ligne d’une impeccable portée comme son expression toujours juste et intense la placent au premier rang des sopranos lyriques et tragiques de son temps.

À ses côtés en Lord Percy le ténor Ismael Jordi offre  une prestation de parfaite qualité tant vocale que scénique. Un aigu scintillant et juste sans dérapage par rapport aux autres registres et dont le phrasé et l’émission sont remarquables.

Veronica Simeoni nous a étonnés dans  le rôle épineux et versatile de Giovanna Seymour. Le timbre est de caractère ,ombré et chatoyant, l’expression et le phrasé dociles à l’expression torturée de cette femme dévastée par avance par son amour réciproque pour le Roi dont elle devine déjà que son sort personnel ne vaudra pas mieux que celui de la Reine qu’elle trahit malgré elle ! La justesse de ton et la parfaite maitrise de la voix comme la jeunesse de son interprétation la font remarquer au côté de Anna Netrebko. Toute deux jouant de concert dans une parfaite harmonie. Une consécration de  son excellence et de sa place prépondérante  parmi les Mezzo soprano internationales pour cette romaine déjà admirée en Charlotte de Werther[1] et Didon des Troyens sous la Direction de Gergiev[2].

Luca Pisaroni, beau timbre amplitude et largeur vocales naturelles,  très en forme pour Enrico (VIII) .Une basse chantante puissante et lyrique qui allège avec élégance et tonitrue en souplesse laissant passer  dans ses colères et ses affirmations comme dans son art de séduire, cette cruauté incisive et sarcastique déroutante, utilisée d’instinct des puissants de ce monde avec beaucoup de puissance retenue.

L’orchestre de Zurich est une phalange d’une excellente facture avec des pupitres d’harmonie et de cuivres d’une grande beauté et d’une maîtrise technique idéales. De superbes cordes et un accord parfait entre tous que dirige le chef encore à découvrir pour sa battue lisible et la poésie comme la vigueur qu’il sait inspirer à tous :Andriy Yurkevyich

La mise en scène de Mario del Monaco, les décors de Mark Vaïsânen et les costumes  de Marie Luise Walek sont  excellents  créant les meilleures conditions à une interprétation théâtrale et musicale. Joignant esprit moderne, énergie et efficacité dans le respect de l’œuvre. Tout se déroule  au rythme imprimé par l’équipe musicale,  les acteurs sont bien dirigés mais conservent leur identité et leur inspiration personnelle de l’œuvre.

Une représentation d’une rare intensité qui laisse un souvenir de bonheur partagé sans ombre.

Amalthée



[1] De Massenet

[2] à Madrid et en DVD dont je ferai le commentaire sous peu ;

 

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Hélène Cadouin
dite "AMALTHÉE"

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