Il faut m’appeler Georges ! Ou alors Maestro ! Mais pas chef d’orchestre…l’aspect est trop militaire !
Il était solaire. Sportif. Il avait été judoka. Montait à cheval. Conduisait son bateau. Aimait la nature, la campagne, la marche.
Il émanait de lui une force magnifique qui vous soutenait. D’un seul regard. Il ne vous oubliait jamais s’il vous avait en amitié. L’amitié, l’amour comme une devise.
Précis, travailleur armé d’un bon sens inné et guidé par l’instinct de ce qui est beau. Évident. Équilibré.
Il était discret et secret.
Il n’aimait pas se lancer dans des analyses trop poussées…
Si vous commencez à parler au lieu de jouer… cela risque de ne pas bien marcher. Je ressens la musique d’abord…
Sa fidélité aux compositeurs ne l’empêcha jamais de renouveler ses interprétations sans jamais se renier ou trahir.
Il aura occupé la scène au cours de soixante dix années d’un travail qui ne se voyait plus une fois les répétitions achevées et d’une réussite sans ombre.
À Marseille en 1946 où il débuta ,le premier soir il posa sa baguette sur le pupitre car i tremblait, on ne répétait quasiment pas à l’époque…Et après quelques secondes tout devint clair… Il avait démarré.
La gloire l’intéressait assez peu. Ce qu’il souhaitait avant tout était d’obtenir un résultat qui contente tous ceux qui faisaient équipe avec lui. Et aussi que tous puissent écouter, jouer et chanter la musique. Il aimait le public. Tous les publics.
Si nous pleurons sa disparition c’est que nous l’avons aimé d’emblée pour sa personne remarquable, sa bonté autant que pour son immense talent.
Je ne répéterai pas les trait d’une biographie riche que j’ai abordée à plusieurs reprises : se 70,80 et 90 ans. Il est préférable de vous guider vers sa discographie très abondante et les dictionnaires et revues spécialisées.
Les orchestres du monde entier, de Vienne à New York lui ont consacré la journée du
5 Janvier en signe de deuil .France Musique à dédié ses émission de la journée à l’œuvre discographique géante qu’il laisse ,notamment avec nos Orchestres de la Radio et de l’opéra et Opéra comique.
Dernier des grands directeurs d’orchestre du vingtième siècle .Sa dernière apparition à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Vienne date du mois de Novembre.
En 1989 G.Prêtre avait dirigé le concert d’inauguration de l’Opéra Bastille.
En 1988 fut le premier chef français auquel Herbert von Karajan confia la direction d’un opéra pour le Festival : la Tosca qu’il avait lui-même (Karajan) mise en scène.
2008 et 2010. Seul chef français également pour le célèbre Concert du Nouvel An dans la Salle dorée des amis de la musique à la Philharmonie de Vienne. Deux inoubliables concerts retransmis en Eurovision et commercialisé immédiatement après en DVD chez DECCA.
Cet homme que je connais depuis mon adolescence était un ami très cher, Gina son épouse à qui cet article est dédié également.
Il a fait son ultime sortie en ayant en tête une foule de projet. La veille au soir son épouse et lui recevait des amis à dîner et nous devions passer Pâques ensemble à Salzbourg où il aurait dirigé un Concert pour les cinquante ans du Festival de Pâques fondé par Karajan. De cet ainé il disait : c’est mon maestro !
Karajan lui avait confié Capriccio de R.Strauss à diriger à Vienne. De ces soirées demeure un merveilleux enregistrement paru chez Orfeo (en Allemagne) avec Lisa della Casa en Comtesse.
Il fut surtout le chef préféré de la grande soprano Maria Callas avec qui il enregistra une série d’œuvres désormais références incontournable. Ainsi ils donnèrent en concert à paris non seulement l’Ouverture de Semiramide de Rossini mais le grand air de la reine de Babylone. Et vous retrouverez cela en vous connectant à la Journée de France Musique du 5 janvier.
De même pour le compositeur Francis Poulenc qui l’aima particulièrement.
Originaire du Nord i avait suivi la voie du Conservatoire de sa région et appris le Solfège et le piano. Mais il fallait un deuxième instrument, obligatoire, pour faire partie de l’Harmonie municipale. Chez le marchand alors qu’il souhaitait apprendre le Hautbois il choisit la trompette ! La trompette ne valait que 1750 Francs, alors que le Hautbois était au prix de 5 mille. Il ne voulait pas imposer à ses parents une telle dépense.
Au moment de la Guerre, a 16 ans, il veut s’engager…parvenu en Bretagne, il croit pouvoir embarquer pour la Norvège alors que l’armée allemande était sur ses pas .Âgé de 16 ans, maigrichon, la mine démentait la persistance des 18 ans tranché qu’il annonçait au recruteur .On l’envoya dans une ferme pour travailler et i parvint à prendre du poids.
Retourné à Paris au Conservatoire il ne réussit pas à entrer en classe de Direction d’orchestre et fut élève de la Fondation Straham .La direction d’orchestre était son but, car l’Orchestre est le plus bel instrument ! C’est un instrument humain ![1]
il avait débuté à Marseille en 1946 avec Samson et Dalila…Son futur beau père l alors Directeur de l’opéra de Marseille dit après la première représentation :On lui donnera Bohème !
La suite de la carrière le conduit dans le monde entier à a tête de toutes les formations possible : Opéra et philharmonies On ne compte pas les bandes radio et les “live“ qui furent réalisés avec une foule de solistes et de chanteurs.
Il avait été décoré à Vienne de la Médaille Bruckner et après avoir longuement dirigé l’Orchestre symphonique de Vienne il fut l’invité privilégié du fameux Orchestre philharmonique de Vienne.
La Scala le vit diriger une ultime fois Pelléas et Mélisande de Debussy, mais c’est à Orange aux Chorégies qu’il dirigea l’opéra pour la dernière fois, en 2009 Cavaleria Rusticana et Pagliaccio.
Pour ma part je garde en moi intacte l’émotion, le souvenir bouleversant, du concert à la Philharmonie de Vienne, deux mois après la disparition de son fils Jean Reynald.
Le matin de ce concert , me sachant à Vienne, il m’appelait à mon hôtel. Il parla simplement du concert , de la place qu’il me destinait et du temps assez clément pour la saison…Puis il me dit soudain après un silence : Heureusement … J’ai ….Nous avons la musique… !
Il avait la foi. En Dieu. Et foi en l’homme.
Nous l’avons beaucoup aimé… Et il en fut heureux.
Amalthée