Kate Aldrich et Jonas Kauffmann
Brûlants amants, brûlants talents
Amants brûlés !
C’est avec Aïda le plus joué au monde cet opéra !
Carmen il est temps encore !
Carmen belle et ravageuse. Mante religieuse qui balaye tout caractère faible ! Libre ! Violente de passion et d’orgueil qui meurt pour ne pas céder à la vindicte d’une époque qui fut longue. Longue et ardue pour les femmes sans fortune et sans rang !
Orange pour la cinquième fois du mandat du très avisé[1] directeur artistique Raymond Duffaut nous offrait un nouveau plateau, de nouvelles voix et une conception complètement renversante de la pièce de Meilhac et Halevy, musique de Georges Bizet.
J’adhère complètement à la pensée de Nietzsche : cet opéra est magnifique.
Et la réalisation à laquelle nous avons assisté fut à la hauteur du chef d’œuvre.
Car Louis Désiré le metteur en scène part à rebrousse poil de tous les réalisateurs qui l’ont précédé.
Wotan Tomasz Konieczny et Brünnhilde Evelyn Herlitzius
La rencontre d’exception pour le Ring à Vienne
Simon Rattle à la tête de la Philharmonie
En mai se rendre à Vienne pour le Ring a des allures de vacances.
Le temps un peu brouillon joue à cache cache de soleil de jour à pluie cinglante le soir, mais l’atmosphère demeure heureuse.
Et je viens de vivre des moments d’intense, irréelle et transcendante beauté musicale et scénique. La mise en scène de Seven-Eric Bechtolf, décors de Rolf Glittenberg et Marian Glittenberg signant les costumes, parfaitement lisible nous plonge dans un voyage dont il semble que nous ne reviendrons jamais. Vienne couronner la vidéo complémentaire de Friedrich Zorn qui apporte une liberté de décors et de changements de lieux absolument remarquable.
Lire la suite : Tomas Konieczny Evelyne Herlitzius le Ring à Vienne
Une enquête criminelle défiant tous les genres.
L’affaire Brierre
Un crime insensé à la Belle époque
Par Alain Denizet[1]
Préface d’Alain Corbin
La préface du professeur Alain Corbin à cette étude en donne le ton : nous sommes dans la vie rurale accordée en partie aux modes urbains et nationaux au temps de la “Belle époque“. Les clivages dans la société demeurent forts.
Alors que l’automobile et les bains de mer attirent parisiens, bourgeois et “argentés“ de Province, la France rurale vit, à peu près, au rythme du siècle précédent. La Beauce, le Dunois sont encore dans “le jus“ provincial. Le parler même, un français fortement “maquillé “ de patois reprend vite le dessus dans les échanges entre ces gens de terroir à deux générations de l’école obligatoire ; imposition qui fait souvent tiquer les parents en attente de bras pour les récoltes. Les moeurs sont à cent lieues de celles de la “ville“. Le Café pour les hommes fait face à l’Église géographiquement et socialement.
Dans le contre jour des nombreux procès et affaires rapportés dans le Paris et Le Matin du jeune avocat qui deviendra le célèbre écrivain Gaston Leroux , voici un crime bien différent de ceux dont il fit les chroniques en son jeune âge.
L’affaire Brierre se déroule à Corancez,
Fortunio
Le dernier des Belluaires
Il fut célèbre … Adulé. Fréquenta et fut l’objet d’invitation de personnages tenant le haut du pavé, connut la Troisième… la République de Weimar, les princes russes, certains aristocrates anglais et français, les titis parisiens, les célébrités du Music-hall et une foule de gens…
Un profil de médaille, la chevelure des Celtes, le corps façonné par l’acrobatie ,la gymnastique, le sport et la lutte pratiqués dès l’âge de cinq ans.
De places de villages à celles des Foires célèbres en Ménageries, dans les dernières années du XIXe , de Marseille, Troyes, Rouen ou Lille et à partir de 1900 Paris ,lui et ses deux cousins se forgèrent une place dans le “métier forain“ artistique et dans la boxe à la française que l’on appela aussi “ Art de la savate“ [1].Volant de ses propres ailes à l’âge de vingt ans passés, il s’inventa, les circonstances étant, une autre destinée : le travail avec les animaux.
Le temps passe et les amateurs de chant français ont vécu bien des déceptions ces dernières années avec ce répertoire. Nous n’avons pas perdu de vue le passé et le souvenir de NicolaÏ Gedda[1]évoqué en cette fin mai par l’émission Lyrico Spinto dimanche passé, ni celle consacrée peu de temps avant à Cheryl Studer . Elles nous donnent des regrets. Aussi que des voix neuves, aujourd’hui, se révèlent, nous enchante .Voici Piotr Beczala originaire de Pologne, dans la ligne de Jean de Reszke[2] .Un chant clair, dénué d’affects, d’effets de menton, une langue chantée sans accent, un timbre chatoyant, l’ élégance et la sveltesse de la prosodie et l’aigu monté en complète harmonie instrumentale.
Lire la suite : Le chant Français à l'honneur ,le ténor Piotr Beczala
Festival de Lucerne : Entre pluie et soleil
Les enfants terribles de la musique baroque .
Le clou de ce festival de la semaine, celle d’avant le dimanche des Rameaux, aurait pu être soit la Messe en (H moll) Si de J.S.Bach, soit les deux concerts de l’Orchestre de Bavière dirigés par le très charismatique Marris Jansons.
Mais les habitudes finissent par déranger, le plaisir de la musique se fait routinier et l’on se dit que l’on entend la même chose depuis des lustres.
La découverte de Teodor Currentzis et de MusicAeterna a déplacé le centre d'intérêt du Festival pour quelques rares instant de pur bonheur .
Lire la suite : Lucerne Pâques La découverte de Teodor Currentzis et de MusicAeterna
La soprano Mariam Sarkissian
En état de grâce Au bonheur de la mélodie française
César Cui et Piotr Tchaïkovski
Le monde de la mélodie française enregistrée s’élargit. Mariam Sarkissian et Artur Avanesov lui dédient un nouvel enregistrement, un air de fête à cet art souvent laissé souvent à part.[1] Ces mélodies sont de César Cui 1835-1918 né en Lithuanie d’un père français et de P.I.Tchaïkovski.
Anna Netrebko au sommet
Depuis 2011 Anna Netrebko s’est produite dans ce rôle fastueux à New York et à Vienne renouvelant à cinquante ans de distance l’éblouissement et l’étonnement né de l’interprétation brulante de Maria Callas à La Scala de Milan. Aujourd’hui parvenue à l’apogée d’une carrière sans faille, la composition d’ Anna Netrebko de cette Reine (Anna Bolena) trahie, immolée dans sa passion et sa fidélité par ce Roi d’une médiocrité absolue, atteint la perfection tant vocale que scénique. La beauté des traits, l’élégance de l’allure comme la confondante qualité d’un timbre opulent baigné lumière, d’une intensité charnelle bouleversante donne à l’auditeur le sentiment de n’avoir jamais rien entendu de comparable ! Laissons tout commentaires superflus, Anna Netrebko est une étoile dont la présence embellit tout ce qui les entoure, une artiste unique.
Les Concerts
Le Requiem de G.Verdi transporte l’âme et l’esprit. Le texte rituel de la prière pour les défunt est ici magnifié, porté à l’extrême de la capacité vocale des chœurs et des solistes, au delà de la convention liturgique et humaine. Le pendant de la Neuvième de Beethoven .L’art de la représentation lyrique et musical au service du Grand Créateur ! Et si l’au delà existe !? Pourquoi pas le porter aux cieux tout de suite.
Christian Thielemann a lancé la grandiose phalange de Dresde et le Chœur de la Bayerische Rundfunk avec une maîtrise absolue.
Fidélité au style, exactitude des tempi , plans sonores parfaitement en place .Les détails et toutes les délicatesses révélées dans la fulgurance de la partition, chaque groupe de voix, chaque soliste à la fois dégagé de la masse et pourtant pris par un élan irrésistible atteignant l’au delà de l’écoute. L’auditoire saisi d’admiration, vaincu par l’émotion et la beauté de tels instants demeura plongé dans un silence palpable.
Jonas Kaufmann
Au pinacle !
Cavaleria Rusticana et Pagliacci
À la MGM !
La perspective de monter Cavaleria Rusticana de Pietro Mascagni[1]et Pagliacci de Ruggero Leoncavallo au très distingué Festival de Pâques de Salzbourg ne manqua pas de suffoquer certains habitués!
La présence du ténor Jonas Kaufmann en Turiddu et Canio a changé la face des habitudes!
La manifestation créée par Herbert von Karajan afin de mettre en application ses idées scénographiques et musicales pour les œuvres de Richard Wagner devait évoluer sous la main même de son fondateur. Certes. Non seulement nul n’est éternel, et en son temps il délaissa le grand Richard pour d’autres compositeurs dès le début des années 80.
Cendrillon
comme au temps de Perrault
Nous allons parler de Jean-Louis Laruette 1731-1792 et de Louis Anseaume 1721-1784.
Ah ! Qui sont ils ?
Et si je vous dis Charles Perrault ?
Charles Perrault est peu être devenu un inconnu pour nos chères têtes blondes, rousses et brunes ! [1]
Pour les générations auxquelles j’appartiens le bras droit de Colbert, auteur littéraire et chef de file des Modernes-face aux Classiques, Boileau, Racine et consorts… dans la fameuse querelle qui les opposa, est avant tout l’auteur des Contes de ma mère l’oye et de Contes anciens qui reprirent vie grâce à leur mise en état littéraire.
Il est notamment auteur de Cendrillon, cette jeune fille mal aimée de sa marâtre et moquée de ses deux pimbèches de sœurs. Par bonheur elle est une filleule bien nantie d’une marraine fée. Invitée au Bal où le Prince doit choisir son épouse, elle en disparaît à minuit en ayant perdu sa pantoufle de verre[2].Nous savons la suite…
La Zarzuela à l’honneur à Toulouse
Dona Francisquita
La Zarzuela nait au nord de Madrid au Palais éponyme [1] au XVIIe siècle. Ce très joli bâtiment conçu par l’architecte Juan Gomez de Mora date de 1638, il est aujourd’hui réservé à la famille royale.
S’y déroulèrent les premières fêtes champêtres destinées à concurrencer l’opéra italien genre alors montant en Europe. Pedro Calderon célèbre librettiste en fut l’initiateur.
Reprenant ainsi à partir de pièces entièrement chantées (1622,1627) dont le poète Lope de Vega avait fait l’essai en collaboration de quelque musicien aujourd’hui plutôt oublié tel Juan Hidalgo (1614-1685) ou bien Juan de Navas(1647-1709).
Si la parenté avec l’opéra comique français, né vers 1840 peut s’établir en partie, le genre est typiquement ibérique et compte pas
Nouvelles incandescences…
Tristan et Isolde de Wagner appelle en nous, une intense attente peut-être insensée mais enivrante. Néophytes s’apprêtant à sauter le pas se retrouvent au même rang que le passionné à son énième “Tristan”. Car voici la partition, la plus novatrice de Wagner dans son raffinement, sa subtilité, sa force créatrice et son originalité. L’accomplissement de la “musique de l’avenir“, l’œuvre est intemporelle, comme l’Odyssée d’Homère ou le Don Quichotte de Cervantès, le théâtre de Shakespeare !
Il y a un avant Tristan et Isolde et un après.
Cet pièce demeure pour moi le flamboyant passage au paradis immanent. À La seule heure de l’horloge interne des amants celle du premier regard de l’un à l’autre embrasé.
Au Capitole voici à nouveau une réussite complète. Tristan et Isolde surgissent dans la sublime grandeur sans périphrase visuelle. L’idée générale de Nicolas Joel, laisser parler le poète musicien, a tenu l’action de bout en bout avec des chanteurs d’une qualité exceptionnelle.
Leif Ove Andsnes et Rudolf Buchbinder
Beethoven et Schubert
Le festival en réalité commence avec Leif Ove Andsnes qui en deux concerts dirigeants l’orchestre de Mahler de son piano, les cinq concertos de Ludwig van Beethoven. Une épopée en deux journées d’une intensité souveraine. Les numéros 2, 3,4 en premier lieu et le premier couplé avec le somptueux cinquième.
Cela fait partie de sa tournée et de ses enregistrements en cours et futures.
Une Intégrale rare. Le cheminement de ce pianiste dont la pensée est totalement investie nous restitue de manière naturelle et remarquable l’adresse technique, la virtuosité visionnaire et la profonde reconnaissance à Mozart et Haydn du grand Ludwig van Beethoven.
Le Piano Poète
Chopin
Nommé directeur du prestigieux Conservatoire de Musique de Fontainebleau en 2013, ce niçois d’origine a surtout été applaudi ces dernières années aux États Unis. Philippe Bianconi en 2012 nous a transportés avec un coffret Debussy absolument inoubliable, le voici en son jardin secret celui des souvenirs d’enfance.
Remontée magique en laquelle le fameux enregistrement de Dinu Lipatti participe tout comme ces très jeunes années sous la houlette marquante de Mme Delbert Février.
Philippe après tant de moments avec Chopin, ceux des bis à défaut de concerts, décide l’aparté intime avec celui qui demeure unique: F.Chopin. Lui, qui n’écrivit que pour le clavier.
Nora Gubisch et Alain Altinoglu
d’amour et de musique
Les Folk Songs
Ils se sont rencontrés, à l’âge [1]du Conservatoire[2]. L’entente et les affinités s’affirmaient et la musique les a choisis pour la vie. Nora Gubisch, Élève de la classe de Piano de la regrettée Catherine Collard elle remporte une médaille d’or et se rend à Paris au cours de Christine Edda-Pierre, le temps d’obtenir le premier Prix et la voici chez Vera Rosza.
Elle devient une de nos grandes mezzos ne se limitant pas aux salles parisiennes et tout en choisissant un répertoire hors des sentiers battus, elle se taille une place au firmament difficile des récitalistes. À la scène les rôles défilent avec des sauts
Avignon
Mireille de Charles Gounod
Delaissée du public “bon chic, bon genre“ de certaines époques, l’œuvre de Frédéric Mistral [1]a survécu grâce à la musique de Charles Gounod.
L’opéra composé en 1863 et joué à Paris en 1866, est soigné, d’une plume chaleureuse proche du texte original fidèle dans son esprit comme dans ses descriptions. De caractères et de mœurs. La Provence pour les parisiens de la moitié des années 1800 est encore un territoire inconnu ! Achevé en fin de séjour à Saint Rémy de Provence, non loin de Maillane où séjournait Mistral Gounod a suivi le conseil de venir sur place admirer les “fillettes “provençales après avoir connu l’Italie en un séjour fructueux.
La Femme sans ombre
De Richard Strauss Opéra de Zurich
En cette fin novembre sans neige, un léger vent parcours les lacs suisses en ébouriffant le plumage des cygnes. Les poules d’eau jouent à cache -cache ! Le soleil égaye les roseaux parsemés de nids, les magnolias abandonnent leurs feuilles dans les replis des rives douces tandis que les bateaux tournent encore sur les eaux grises et moirées projetant des ombres à peine distinctes. On n’en rentre pas moins à l’opéra sur les coups de 14 heures en ce premier dimanche de l’Avent !
La Femme sans ombre de Richard Strauss pourrait se dérouler au bord d’un lac de montagne. Ce serait un soulagement pour le spectateur 2014 qui se laisserait alors aller à ce rêve d’outre monde visible dans lequel les enfants et les hommes côtoieraient les magiciens et les fées.
Car de la Flûte enchantée de Mozart à cette histoire à facettes, le lien d’inspiration selon Hofmannsthal et Strauss [1] eux-mêmes est avéré.
Quatre personnages. La fille du Roi des Esprits, Femme sans ombre, extra- terrestre et épouse de l’Empereur des Îles du Sud est. l’Empereur qui sera pétrifié dans trois jours si la Dame ne trouve pas d’ombre-donc d’humanité et de capacité à enfanter-un teinturier Barak , homme désargenté et bonhomme [2]s’il n’était affublé d’une fratrie criarde. Son épouse, acariâtre à force de ne pas pouvoir rêver, se sortir du quotidien…En elle réside la rancœur de ceux qui n’ont de temps que pour le travail et point pour l’amour et le rêve.
Année Jean Philippe Rameau
Hippolyte et Aricie
Tragédie lyrique
Nous avions eu le bonheur lors de saison 2009 au Capitole de Toulouse, de voir ce spectacle absolument magnifique, réalisé sous la houlette de Yvan Alexandre (mise en scène) dans les décors sublimes de Antoine Fontaine, costumes de Jean- Daniel Vuilermoz. Pour la Chorégraphie Natalie van Parys retrouvait les pas, les rythmes et cette élégance souveraine, raffinée et subtile du grand style français héritage qui fit la gloire du Ballet de Cour. Une vision à ma fois historique de l’œuvre et profondément poétique.
La partition musicale dirigée par Emmanuelle Haïm à la tête de son Ensemble Le concert d‘Astrée concoure à cet enchantement.
Tom Koopman
Claveciniste, musicologue et chef d’orchestre
Soixante dix automnes ! Un cœur débordant de tendresse ,des raisons inépuisables de vivre la musique.
Je l’ai rencontré, écouté souvent. Toujours avec un sentiment de plénitude. Quelques semaines avant le 2 Octobre, il répondait à mes questions en l’honneur de son proche anniversaire.
Tom Koopmann né à Zwolle le 2 octobre 1944 prit les couleurs de la France pour diriger le Festival du Périgord vert, Itinéraire baroque il y a 13 ans.
Avant de parler compositeurs et interprètes, soulignons que le Festival attache une attention particulière à son grand homme de Lettres, dont nous commémorerons le quatrième centenaire, le célèbre auteur des Dames Galantes , Pierre Bourdeille dit Brantôme. Le château qui fut le sien à Richemont reçoit un des concerts de l’Itinéraire.
Tom Koopmann, figure emblématique du renouvellement de l’interprétation des œuvres des XVII et XVIII ème siècles se tourne parfois aujourd’hui vers les œuvres de Schumann et de Mendelssohn et autre classique ou romantique. En réalité, Tom Koopmann bien que féru de musique “baroque“ considère la musique comme universelle dans le temps et l’espace. Schuman composa en visionnaire tel un musicien très en avance de ses contemporains et Mendelssohn a fait revenir le Cantor sur le devant de la scène.[1]
Hélène Cadouin
dite "AMALTHÉE"
Tel. 07 88 21 15 46
Mail. contact@amalthee-ecrivain.info